De Szaja Szarfsztejn, dernier Juif assassiné par la Gestapo à Limoges, il reste un portefeuille, une photo de sa fille et une lettre de sa femme

C'est une incroyable histoire qui a permis de ne pas oublier un destin tragique. Un portefeuille élimé en cuir contenant une photo, une lettre... voici les rares témoignages du parcours de cet homme tué en août 1944 au siège de la Gestapo de Limoges, juste avant la Libération. Grâce à un don de sa famille au musée de la Résistance, un hommage est rendu à Szaja, dernier juif supplicié de la ville.

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L'histoire commence par un don anonyme fait en 2016 au musée de la Résistance de Limoges.

C'est une photo d'un corps à demi-enterré que les Résistants ont retrouvé le 25 août 1944. Il y avait un nom au dos de la photo. C'est tout ce que nous avions.

Agnès Peyronnet, chargée de communication au musée de la Résistance de Limoges

De ce corps anonyme supplicié, il n'est nulle part fait mention. La photographie sera classée, elle rejoindra les archives du musée. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais, au début de ce mois d'août, les équipes du musée de la Résistance reçoivent un vieux portefeuille.

Un vieux portefeuille qui contenait une photo de la fille de Szaja Szarfztejn ainsi qu'une lettre de sa femme. Un don extraordinaire qui nous a permis, avec la famille, de faire des recoupements.

Agnès Peyronnet, chargée de communication du musée de la Résistance de Limoges

Ce sont les petits enfants de Szaja Szarfsztejn qui ont fait ce don. L'histoire du dernier juif assassiné par la Gestapo en août 1944 peut ainsi être retracée.

L'exil depuis la Pologne jusqu'à Limoges

Szaja Szarfsztejn naît dans un petit village de Pologne en 1905. Une famille juive, nombreuse, pauvre, victime de l'antisémitisme. À vingt-quatre ans, le jeune homme fuit son pays et rejoint la France le 15 mai 1929. Sa future femme, Toba, le rejoindra un an plus tard.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, le couple quitte Paris pour se réfugier à Bergerac. Lors de cet exil, une petite fille verra le jour, Jeanne. Le périple pour échapper aux nazis  s'achève en mai 1940, à Saint-Pantaléon-de-Larche, en Corrèze. 

Szaja est incorporé en 1941 dans le Groupement des Travailleurs Étrangers. Détaché entre janvier et mai 1942 dans le cadre d'un contrat agricole chez monsieur Marchon, boucher à Saint-Pantaléon, il se cache ensuite afin de ne pas être envoyé en Allemagne.

Szaja était Juif polonais. Dans cette France occupée par les Allemands, il risquait sa vie et devait se cacher.

Agnès Peyronnet, chargée de communication au musée de la Résistance de Limoges

En mars 1943, Szaja fait l'objet d'un avis de recherche. Sa fille et l'une de ses nièces sont abritées au sein du couvent d'Aubazine. Szaja Szarfsztejn est arrêté à Brive en juin 1944, transféré à Limoges, à la prison du Petit séminaire. Libéré le 19 août 1944, il sera de nouveau repris et emmené de force au siège de la Gestapo à Limoges par Joseph Meyer et Maurice Lombardin.

Torturé à mort et pendu, Szaja meurt le 19 ou le 20 août 1944. Son corps sera enterré sommairement dans la cour intérieure de la Gestapo, impasse Tivoli. C'est le 25 août que les Résistants découvriront son cadavre supplicié. Il sera inhumé peu après dans le cimetière de Louyat à Limoges.

Cela peut paraître anodin, mais même une simple photographie peut être importante. On arrive parfois à retrouver des informations manquantes. On peut alors raconter l'histoire d'un homme dans la grande histoire.

Agnès Peyronnet, chargée de communication au musée de la Résistance de Limoges

Un don qui permet d'entretenir le devoir de mémoire. Un simple portefeuille fait revivre un nom, le souvenir d'un homme martyrisé. Il s'appelait Szaja Szarfsztejn.

Le musée de la Résistance de Limoges lui rend hommage jusqu'à la fin de ce mois de septembre.

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