Déconfinement. Les voies de Compostelle sont impraticables...

Saint-Jacques sans pèlerins... Les chemins de Compostelle sont désespérément vides en provenance de Vézelay sur les routes de Creuse, Haute-Vienne et jusqu’à la Dordogne. Après le coronavirus, à quand le retour des marcheurs ?

En provenance de Saint-Léonard-de-Noblat, après 20 kilomètres de marche, nous arrivons à la bien nommée Pause Saint-Jacques. Un café à l’entrée de Limoges, en bords de Vienne, devant le pont Saint-Etienne. Le pèlerin peut s’y désaltérer mais aussi croiser d’anciens marcheurs du chemin...

Les mots de Charles Lemercier semblent si lointains... C’était en août 2019. Dans une série de reportages consacrés aux chemins de Compostelle, le jeune journaliste passé par France 3 Limousin nous contait son périple et ses découvertes. Une expérience riche qui l’a marqué et dont il témoigne encore aujourd’hui avec un certain plaisir :

Compostelle, c’est à la fois être centré sur soi et en même temps c’est une ouverture sur le monde avec plein de rencontres.

En ce début de déconfinement, Charles envisageait justement de repartir quelques temps sur ces chemins quand je l’ai contacté. Oui mais là encore, faut-il encore le rappeler, le monde d’après n’est plus celui d’avant...

La liberté du marcheur de Compostelle (pas nécessairement catholique pur jus!) est-elle compatible avec l’ère du coronavirus et l’état d’urgence sanitaire ? Vous avez quatre heures !Plus prosaïquement...toute une foule de questions concrètes se posent à la simple évocation d’un tel projet au lendemain des annonces du premier ministre pour le plan de relance du tourisme :
  • Les refuges seront-ils ouverts ?
  • Peut-on aller plus loin que ledit rayon de 100 km ?
  • Est-il possible de rejoindre l’Espagne ?
  • Bref, peut-on encore engager un pèlerinage en 2020, comme avant…? 
Si le gouvernement nous invite à la patience, à la prudence, ainsi qu’à rester en France cet été, pas sûr que ce triptyque soit de nature à rassurer les pèlerins potentiels.

Il y a semble-t-il comme une perte de sens à vouloir à tout prix marcher vers Compostelle tout en restant à distance des autres. Claudine Montcuit gère un refuge à la Souterraine en Creuse :

Les Chemins, ce n’est pas uniquement marcher dans la nature, ce sont surtout des échanges et des rencontres. S’il n’y a pas ça, certains vont dire que ça ne vaut pas le coup.

Pour l’instant, celle qui fournit habituellement le gîte et le couvert aux pèlerins avoue qu’elle n’a "aucune réservation pour la suite", et que "tout a été annulé pour avril et mai", soit le début du pèlerinage qui se poursuit jusqu’à octobre. 

De toute façon, ajoute-t-elle :

Pour le moment, tout est fermé en Espagne et l’État préconise de ne pas rouvrir.

Même sentiment de fatalité pour le vice-président de l’association les amis et pèlerins de Saint-Jacques et d’études Compostellanes du Limousin Périgord :

Il faut souligner que ce pèlerinage est international et qu’à ce jour, aucun étranger n’est autorisé à fouler nos chemins. 

Jacques Deville n’est vraiment pas optimiste pour cette saison :

La situation est gelée au niveau régional comme l’a indiqué notre président d’association Jacques Gautraud. Malgré tout, on espère que ça va démarrer cet été, à partir de début juillet. 

Une chose est sûre, le nombre de pèlerins des chemins de Compostelle ne connaîtra pas de croissance en 2020, comme c’était le cas depuis 2013.

200 000 personnes empruntent ses 4 grands chemins chaque année, autour de 1500 sont enregistrées lors de leur passage à Limoges sur la voie de Vézelay.

C’est l’une des quatre grandes voies du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, dit Santiago, en Espagne. Limoges, qu’elle traverse, lui a donné son autre nom : Lemovicensis.

Et donc, pour le monde d’après ? Claudine Montcuit, notre gérante de refuge, tient à garder une note d’optimisme :

Heureusement, 2021 sera une année Jacquaire, avec la fête de Saint-Jacques un dimanche, le 25 juillet. Et traditionnellement il y a toujours beaucoup de pèlerins ces années-là !

À l’issue de son passage chez Claudine Montcuit, à l’été 2019, Charles Lemercier avait écrit ceci : 

Pendant le repas, on chante, on apprend à se connaître, on demande d’où vient l’autre. Des pèlerins se retrouvent de gîte en gîte sans forcément avancer au même rythme. D'ordinaire, le pèlerin se couche de bonne heure.  Ce soir, la nuit sera courte, la convivialité y est pour quelque chose.


 
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