Suite à un congrès houleux à Clermont-Ferrand, et au terme d’une nuit agitée, c’est finalement, et contre toute attente Sophie Binet qui a été élue pour succéder à Philippe Martinez à la tête de la CGT. Une première dans la longue histoire du syndicat, et une bonne nouvelle, selon la section de Haute-Vienne.
C’est un coup de théâtre, ou tout du moins une surprise.
Si l’on attendait bien une femme pour succéder à Philippe Martinez, ni Marie Buisson, l'héritière désignée, ni Céline Verzeletti, favorite des grandes fédérations contestataires, n’ont fait l’unanimité sur leur nom.
Et, à la place, c’est Sophie Binet, 41 ans, jusqu’alors secrétaire générale de l'Union des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT, qui a été choisie, lors du houleux congrès du syndicat à Clermont-Ferrand, et au terme d’une longue nuit de tractations agitées.
Présent à ce congrès, Arnaud Raffier, secrétaire général de la CGT 87, a qualifié cette élection de bonne nouvelle.
"Pour nous, c’en est une.
J’entends certaines réserves, notamment car elle vient de l'Union des ingénieurs, cadres et techniciens de notre syndicat.
Mais c’est précisément un secteur où l’on a besoin de progresser, et c’est donc plutôt intéressant.
On voulait une femme et ce congrès, par son vote démocratique, nous l’a donné.
Le contrat est donc rempli, et c’est très bien."
Une femme à la tête de la CGT, c’est donc une première dans la longue histoire de la Confédération, née à Limoges dans la salle du Café de Paris, le 27 septembre 1895, de l’union de la Fédération des Syndicats et de la Fédération des Bourses du Travail, deux branches qui se sont ici rapprochées, alors qu'ailleurs elles s'opposaient.
Une naissance à l’occasion du 7e Congrès National Corporatif, qui se tenait à Limoges, ce qui n’était pas le fruit du hasard.
La ville était alors qualifiée tantôt de "capitale révolutionnaire" du centre de la France, tantôt de "ville rouge" voire même de "Rome du socialisme" !
Il faut en effet se souvenir qu’avant même l’ouverture de ce congrès constitutif, des grèves s'organisaient déjà dans la capitale Limousine, dont, comme un symbole aujourd’hui, la première grève de femmes, celle des corsetières.
Les 105 ouvrières de la Maison Clément à Limoges contestèrent, en juin 1895, les méthodes de leur direction, qui leur imposait une prière à genoux lors de leur arrivée à l'usine, sous peine de sanctions.
Cette grève dura 108 jours et plusieurs de ces corsetières furent invitées à l'ouverture du congrès.
On ne sait si Sophie Binet se considère comme leur héritière, mais 128 ans plus tard, le clin d’œil est plus que symbolique.