La France veut développer l’hydroélectricité. En la matière, le département de la Haute-Vienne a été choisi comme territoire pilote pour augmenter le nombre de petites centrales. Depuis décembre 2021, un chargé de mission aide les particuliers à mener à bien leurs projets.
À Rilhac-Rancon en Haute-Vienne, l’eau est le moteur de l’histoire. Au Moyen Âge, il y avait 18 moulins en fonctionnement. Aujourd’hui, il n’en reste que deux. Parmi eux, le moulin de Bramaud.
Pour remonter le temps, il faut se rendre à 500 mètres de l’ouvrage, à la prise d’eau. C’est l’embranchement où, d’un côté, la Cane continue son chemin naturel, et de l’autre où l’eau est détournée pour alimenter le moulin.
"Ici on faisait de la farine, de la laine pilée, de l’huile de fève pour éclairer les maisons."
Bernard Grand, propriétaire du moulin de Bramaud à Rilhac-Rancon
Dans la famille depuis 6 générations, Bernard Grand a son moulin dans la peau.
"C’est ma vie, la rivière coule dans mes veines. C’est un marqueur de notre identité, il faut le conserver."
Un peu plus loin, à la sortie de la turbine, l’eau transmet son énergie à une dynamo qui va produire de l’hydroélectricité en continu et va permettre de produire de l’eau chaude pour le chauffage centrale de l’habitation.
Ici, l’énergie hydraulique représente 3 kilowatts de puissance. Elle permet de chauffer l’habitation familiale pendant 5 mois par an.
"Nous avons la chance d’habiter dans un environnement merveilleux et de pouvoir y rester parce que le fait de fabriquer notre courant nous fait économiser une partie des frais de chauffage."
Annick Grand, propriétaire du moulin de Bramaud à Rilhac-Rancon.
À une trentaine de kilomètres au sud, Saint-Jean-Ligoure. Sur la Briance cette fois, un moulin beaucoup plus important, celui de Bonaret. Ici les machines sont à l’arrêt. Mais, en 1920, leur puissance atteignait 20 KW. Colin Pierdet, son propriétaire, voudrait les remettre en état.
"Depuis petit je suis passionné par le patrimoine et le mode de fonctionnement des moulins qui permettait une production collective d’énergie."
Colin Pierdet, propriétaire du moulin de Bonaret à Saint-Jean-Ligoure.
Mais installer ou rénover une petite centrale, ça ne s’improvise pas. Pour l’aider, depuis un an, il y a Pierre Roussel. A la direction départementale des territoires, il est le seul en France avec cette casquette. Un poste clé parce qu’un investissement comme celui-là peut coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros. Comptez 5 000 euros le Kilowatt. Sans compter que la production est directement liée au débit du cours d'eau sur lequel la sécheresse peut avoir une influence.
"Pour fonctionner, une microcentrale a besoin d’une hauteur de chute et de débit puisque c’est le débit d’eau turbiné qui va produire de l’énergie. L’hydroélectricité a toujours connu ça. Il y a des années plus pluvieuses, d’autres plus sèches mais la variation est maîtrisée par les hydroélectriciens."
Pierre Roussel, chargé de mission à la Direction Départementale de la Haute-Vienne.
Pour mettre en place une installation il faut réfléchir au débit à turbiner sur mon site, quelle puissance par rapport au débit de la rivière... parce que on est obligé de s’adapter à elle. Chaque projet est particulier.
Pierre Roussel, chef de projet micro hydroélectricité Haute-Vienne
La Haute-Vienne compte une cinquantaine de micro-centrales. Le département a été élu territoire pilote, au niveau national, pour développer cette énergie renouvelable. Objectif régional de la Nouvelle-Aquitaine : augmenter de 25% la production hydroélectrique.