Ce sont les journées sans portable dans le monde... une initiative lancée en 2001 et étendue à plusieurs journées en 2004. Une détox numérique sous forme de défi, car le portable est aujourd'hui omniprésent dans notre vie, jusqu'à en modifier nos comportements. Le portable ne sert pas qu'à téléphoner aujourd'hui et c'est bien de là que peut naître une addiction.
Ce sont les journées mondiales sans portable. L'initiative de l'écrivain français Phil Marso en 2001 a été étendue à trois jours de défi en 2004. Vingt ans plus tard, où en est-on des connaissances sur l'impact d'un usage intensif du portable chez les jeunes. En réalité, peu d'études et toujours pas de consensus scientifique. Mais sur le terrain, spécialistes et professionnels constatent des effets à court et moyen terme.
Les ados sont-ils les seuls à être dépendants de leurs écrans ? Non bien sûr. Le portable est omniprésent dans le quotidien de chacun d'entre nous. Et les parents sont les premiers à donner l'exemple.
Mais la question porte moins sur leur existence que sur l’usage que les jeunes en font et les conséquences sur leurs comportements.
Suite à un premier avis en décembre 2019 sur les risques de l’exposition aux écrans, le Haut Conseil de santé publique (HCSP) a étudié leur usage problématique.
Quand ils sont petits, c’est plutôt la télévision - 1h en moyenne là où Santé Publique France en recommande aucune avant deux ans. Quand ils grandissent, c’est bien sûr le portable. 6h, 7h voire 8h par jour. Et quelle famille n’a pas constaté qu’il y a un avant et un après quand un portable est confié à un enfant. Une sur-stimulation de son attention, d’ailleurs recherchée par les producteurs de contenus de réseaux sociaux et autres applications, plus de clics, plus d'argent à l'arrivée.
Un temps d’exposition qui pose problème, mais ce qui serait encore plus déterminant, c’est le contexte. Les écrans pendant le repas à table par exemple privent l’enfant des interactions avec sa famille, pourtant essentielles à ses apprentissages. Un enfant se construit (émotions, langage, connaissances) en interaction (échange de regard, de mimiques, de paroles) avec ses proches, et notamment ses parents. Tout ce qui s’interpose dans cet échange le trouble. Le moment du repas est idéal pour cet échange. Une étude pour Santé publique France en 2020 a notamment conclu que les enfants qui étaient exposés aux écrans le matin avant l’école et qui discutaient rarement, voire jamais, du contenu des écrans avec leurs parents multipliaient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage.
Un usage intensif aux conséquences diverses…
La dernière étude de l’Observatoire des addictions qu’on trouve sur le site du gouvernement précise que
- 17% des adolescents interrogés déclarent avoir fait des jeux d’argent pourtant interdits aux mineurs
- 5% des garçons, 10% chez les filles, ont un usage problématique avec les réseaux sociaux (harcèlement...)
- 1 adolescent sur 8 a un usage problématique avec les jeux vidéos (agressivité, troubles du sommeil, sautes d'humeur, problèmes d'attention, hyperactivité, isolement, baisse des résultats scolaires......)
Mais on sait aussi que ce temps sur les écrans, c’est moins d’activité physique chez la grande majorité. On parle aujourd’hui d’épidémie de la myopie, du surpoids, avec moins de résistance dans les métiers physiques quand ils arrivent sur le marché du travail. C’est aussi l’émergence de troubles relationnels, moins de spontanéité dans les relations sociales.
Et il y a encore peu d’études sur les conséquences d’une exposition précoce aux contenus violents et à caractère pornographique. Le HCSP insiste aussi sur la responsabilité sociétale des industriels et propose d’inscrire dans le débat éthique l’exposition des enfants mineurs à des incitations à la violence, au harcèlement, au sexisme et à des influences en lien à l’accès à internet et aux réseaux sociaux.
Des spécialistes référents en Limousin
A Limoges, le CERJEP regroupe les spécialistes des problématiques addictives. Le centre expert ressources est un lieu de consultation pour toutes les pathologies liées aux addictions sans produit (jeu, achat compulsif, sport...) ou avec produit (drogues, tabac et alcool). Des spécialistes qui reçoivent en consultation sur les 3 départements, mais qui se déplacent aussi pour des sensibilisations dans les établissements scolaires.