Les généralistes, les médecins libéraux sont en grève ce jeudi et vendredi. Une grève rare voire inédite pour cette profession. La mobilisation s’apprête à être très suivie chez les médecins généralistes. La pénurie de praticiens, le manque d'attractivité de leur profession les inquiètent.
Il est près de 11 heures ce jour-là, quand le Docteur Rezola accueille son sixième patient de la matinée. Comme tous les jours, son planning est complet. Avec les consultations à domicile et les gardes, le rythme est intense pour cette praticienne, attachée à son rôle de médecin de famille.
« On manque de temps auprès des patients, donc forcément, ça déshumanise un peu la médecine ! » regrette le docteur Rezola. « Quand on doit faire de l’abattage, en faisant des consultations toutes les dix minutes, c’est quand même assez compliqué de nouer une relation de qualité médecin patient dans ces conditions » détaille-t-elle.
Avec les consultations à domicile et les gardes, s’ajoutent les certificats à remplir et à envoyer. Les mails à traiter, les tâches administratives s’accumulent.
« On a à peu près 20% du temps de travail qui est consacré à de l’administratif, avec par exemple des certificats à remplir par exemple. Tout ça, c’est du temps qui n’est pas rémunéré. Mais au-delà de cela, c’est du temps que l’on ne passe pas avec les patients », ajoute le docteur Delphine Rezola, médecin généraliste.
Son choix est fait, le docteur fermera les portes de son cabinet et sera en grève, jeudi et vendredi. Une première pour elle.
Chez un autre généraliste rencontré en Haute-vienne, même son de cloche, ce jeudi sera jour de grève. Parmi les revendications des médecins : le passage d’un tarif réglementé de 25 à 50 euros. Pour un autre médecin rencontré du côté de Feytiat en Haute-Vienne, il y a urgence à améliorer l’attractivité de la profession.
« Ça fait 25 ans qu’on annonce la catastrophe qui est en train de se dérouler. Pour la première fois, l’espérance de vie plafonne et l’espérance de vie en bonne santé recule dans notre pays. C’est une catastrophe. Et il est démontré que dans tous les pays, l’état de santé moyen de la population est corrélé à la densité de médecins généralistes. Quand il n’y en a pas assez, ça se casse la gueule, et c’est partout, ce n’est pas seulement chez nous » s’exaspère Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du Syndicat MG France et Président de MG France 87.
Inquiet de la pénurie des médecins généralistes, ce médecin appelle à manifester, car les revendications vont au-delà d’une simple augmentation des honoraires. Sans compter que le métier ne donne plus envie aux étudiants. Ce jeudi à la mi-journée, les médecins se réuniront devant la caisse d’assurance maladie, Avenue Jean-Gagnant à Limoges. Ils espèrent que leurs demandes seront entendues.
L'Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a communiqué ce jour les mesures mises en place pour garantir la santé lors de mouvement de grève.