Gynécologue accusé de viol à Paris : un professeur de Limoges prône des pratiques plus respectueuses

Le chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon est accusé de viol depuis plusieurs semaines. Au CHU de Limoges, le Pr Yves Aubard met en avant le respect des patientes et le rôle de l’imagerie pour limiter les examens cliniques.

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C’est une affaire qui fait couler beaucoup d’encre et qui interroge de nombreuses femmes : plusieurs patientes accusent leur gynécologue de les avoir violentées au cours d'examens à l'hôpital Tenon, à Paris. 

Sur France 3, une plaignante de 25 ans atteinte d’endométriose explique avoir subi deux touchers vaginaux violents, durant lesquels elle s’est sentie contrainte et brutalisée. Par communiqué, l'avocat du médecin explique que celui-ci "conteste fermement les accusations portées contre lui".

Moins d’examens cliniques

Pourtant, les pratiques des gynécologues ont évolué vers un plus grand respect des patientes. Yves Aubard, chef du service gynécologie du CHU de Limoges et professeur de médecine, réagit à cette affaire : "On peut s’organiser dans de nombreuses situations pour éviter des examens intrusifs et mal vécus." Et pour lui, il est important d’en informer les patientes.

Concrètement, dans le cas d’une femme atteinte d’endométriose, un médecin peut être amené à rechercher un nodule dans la cloison recto-vaginale. Selon Yves Aubard, "lors des endométrioses, il est dit dans les vieux livres qu’il faut faire un toucher rectal et un toucher vaginal. C’est une manœuvre très désagréable, et douloureuse. Aujourd’hui, pour dépister ces atteintes de la cloison, on peut faire une IRM, ou une échographie endorectale sous anesthésie."

Ce n’est pas le seul examen clinique que l’on peut éviter. Pour Yves Aubard, "quand une IRM montre un kyste de l’ovaire, l’image est plus performante qu’un examen clinique. On peut prendre une décision opératoire avec une imagerie." Et le médecin conclut : "Dans plus d’une consultation sur deux je ne fais pas d’examen clinique."

Informer et recueillir le consentement.

Pour accueillir et examiner les patientes, il existe aujourd’hui des préconisations de bon sens, d’abord face à la douleur : "Quel que soit le geste, si la patiente a mal, on arrête. On doit pouvoir réaliser des examens sans faire mal. Un toucher rectal douloureux, ça ne doit plus exister. Même poser un stérilet, on peut le faire sous anesthésie."

Plus globalement, la pudeur a aussi sa place dans un cabinet de gynécologie : "Le savoir être est très important. Il faut veiller à ce qu’on ne choque pas les patientes dans leur pudeur. Et dans tout ce qu’on fait, il faut informer et recueillir le consentement." Et le médecin cite un exemple concret : "Quand on doit étudier à la fois les seins et le pelvis, on ne demande pas à la patiente d’être complètement nue dans le bureau. On le fait en deux temps. C’est du savoir vivre en salle d’examen."

Former les futurs professionnels

Dans un contexte de pénurie de gynécologue, on peut se demander si ces bonnes pratiques sont partout respectées. Yves Aubard est rassurant : "On n’est pas gynécologue si on est une brute."

Dans son activité d’enseignants, cette partie du métier est déjà prise en compte : "Je fais des interventions auprès des internes et des externes sur le savoir être. On mime des examens, on fait des mises en situation."

L’affaire parisienne rappelle qu’il y a encore du travail pour sensibiliser tous les professionnels, et pour que les femmes puissent vraiment décider de leurs soins.

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