Chaque année, la frairie des petits ventres accueille des milliers d’amateurs de couilles de mouton et autres abats rue de la boucherie à Limoges. Mais ces visiteurs se rappellent-ils que sans cette fête, ce quartier historique aurait été détruit ?
Le 19 octobre 1973, le quartier de la boucherie se remplit de milliers de visiteurs. La première frairie des petits ventres est organisée par l’association « Renaissance du Vieux Limoges », le groupe folklorique de l’école du Barbichet, avec la collaboration de la confrérie St Aurélien et du syndicat d’initiative.
Quand il voit la marée humaine qui déferle ce soir-là, Louis Longequeue, maire de Limoges depuis 1956, doit renoncer à un projet. Il envisageait en effet de détruire le quartier pour y construire des immeubles neufs. Il n’avait pas perçu l’attachement de ses administrés à leur patrimoine.
Des taudis
Il faut dire qu’à l’époque, la rue de la Boucherie n’était composée que de maisons aux façades ternes et sans âme. Les appartements qui se trouvaient à l’intérieur des immeubles étaient de véritables taudis.Tout le monde avait oublié que sous les crépis vieillissants, se trouvait un vrai trésor. Alors quelques amoureux du patrimoine ont décapé une première façade : celle du 45, rue de la Boucherie. Ils ont trouvé de magnifiques colombages.
C’est ainsi qu’est née l’association « renaissance du Vieux Limoges », qui a aussi lancé l’idée de la frairie pour faire pression sur le maire, afin qu’il abandonne son projet de rénovation.
La procession
L’un des points forts de la frairie est la procession de Notre Dame de Pitié.Une vierge pleurant son enfant mort (une pietà), fait le tour du quartier, portée par les femmes de la confrérie Notre Dame de Pitié, celle des dames bouchères.
Cette pietà touchait particulièrement les femmes de la rue, en raison de la forte mortalité infantile qui a longtemps sévi dans le quartier.
Avant 1940, cette procession avait lieu le 15 septembre de chaque année. C’est à cette période que les bouchers reprenaient leur activité après les fortes chaleurs de l’été.