Cette tentative d'assassinat sur la personne du nouveau compagnon de l'ex-épouse de l'accusé est survenue au domicile de cette dernière, alors qu'elle était présente ainsi que ses enfants. Celle-ci bénéficiait pourtant d'une ordonnance de protection en raison du passé violent de son ex-mari.
Une nouvelle session s'ouvre devant la Cour d'assises de la Haute-Vienne, à Limoges, jusqu'au 28 juin. Parmi les quatre affaires que vont juger magistrats et citoyens tirés au sort, ce premier procès qui s'ouvre ce lundi. Pendant deux jours, la Cour d'assises de la Haute-Vienne et les six jurés tirés au sort ce lundi matin vont apprécier la personnalité de l'accusé, un homme de 36 ans, qui comparait libre à cette audience prévue sur deux jours.
Une comparution qui surprend, compte tenu de la gravité des faits : une tentative d'assassinat sur la personne de Guillaume B., compagnon de son ex-femme, et la violation d'une ordonnance de protection à l'égard de cette dernière, qui bénéficiait d'un téléphone grand danger.
Une violente agression qui fait suite à d'autres violences
Il ressort de l'enquête que le 27 juin 2020 à 9 heures du matin, Guillaume B. dit avoir été agressé dans la maison qu'il occupait avec Camille V., sa nouvelle compagne et les deux jeunes enfants de celle-ci.
Les aboiements de chiens de la maison le font sortir sur la terrasse, il aurait aussitôt aperçu un homme tout de noir vêtu, le visage dissimulé, une bombe lacrymogène et un marteau à la main, se diriger vers lui, pour le menacer. Aspergé de gaz lacrymogène, il parvient à s'enfuir vers la rue.
Guillaume B. dit avoir été rattrapé par l'agresseur qui lui aurait alors asséné des coups de marteau puis tenté de l'étrangler. C'est le ralentissement d'un véhicule le long du trottoir qui aurait mis fin à l'agression, l'homme préférant s'enfuir. Des circonstances qui seront discutées lors des débats.
De retour à son domicile accompagné par un tiers, Guillaume B. est en sang et en état de choc. Il dit s'être vu mourir. Dans la maison, il retrouve sa compagne qui s'était enfermée dans une pièce avec ses deux enfants de quatre et deux ans, pour appeler les secours. Son compagnon avait eu juste le temps de lui dire, avant de fuir, qu'il venait de reconnaître son ex-mari.
Extrêmement choquée de son côté, Camille V. dépose plainte également, et mentionne plusieurs épisodes de violences exercées par son ex-époux pendant les quatre années de leur mariage, puis en août 2019 et novembre 2019, soit après leur séparation, sur sa personne et celle de son nouveau compagnon. Il signale ainsi un cambriolage et l'incendie de son véhicule, des faits qui ont justifié une ordonnance de protection pendant la procédure de divorce.
Des aveux avant de se raviser
Interpellé à son domicile, à 8 km de celui de son ex-épouse, alors qu'il devait se tenir éloigné de la Haute-Vienne, il reconnait, pendant la garde à vue, avoir voulu tuer Guillaume B. avant de se raviser.
Dans ses dépositions, il ressort qu'il vivait mal sa séparation depuis mai 2019, que le confinement en 2020 l'avait privé de ses enfants et qu'il ne comprenait pas l'ordonnance de protection obtenue par la mère de ses enfants, le plongeant dans un état dépressif et suicidaire.
Décrit par ses parents comme "calme, casanier, intelligent et non violent", Rudy D. était reparti dans sa famille dans le Gard. Compte tenu de l'éloignement géographique, il avait bénéficié d'un contrôle judiciaire. Mais après la violation de ce contrôle judiciaire, celui-ci avait été réformé et les policiers de Limoges l'avaient interpellé à la demande du Parquet pour être présenté au Juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Limoges en vue d'une incarcération.
L'accusé comparait libre
Compte tenu de la gravité des faits reprochés et de la peine encourue, la perpétuité, on s'attendrait à voir l'accusé comparaitre détenu.
Or, ce n'est pas le cas. Il a pu bénéficier des conséquences d'une décision rendue par le Juge des libertés et de la détention de Limoges s'estimant incompétent géographiquement pour le juger. Une interprétation personnelle des textes de loi dont le Parquet a relevé appel. La décision de la Chambre criminelle de l'instruction d'appel est attendue.
Un concours de circonstances qui profite à l'accusé, mais qui traumatise ses deux victimes présumées qui le croisent depuis ce lundi matin dans les couloirs de la salle des pas perdus.