L'hormonothérapie est un chemin obligatoire pour des milliers de femmes atteintes d'un cancer du sein. Face aux effets secondaires sévères qu'elle engendre, des médecins du CHU de Limoges testent une nouvelle étude qui abaisse la durée du traitement de cinq à deux ans pour les femmes dont le risque de rechute est minime.
Elle se sent fatiguée, a fréquemment des bouffées de chaleur, ne peut plus se déplacer ou manipuler des objets avec ses mains sans ressentir de vives douleurs. Depuis son cancer du sein, dont elle a été opérée il y a deux ans, Joséphina ressent d'importantes douleurs physiques. Le résultat de l'hormonothérapie et de ses effets secondaires. Dans l'optique de récupérer un confort de vie normal, la patiente fait aujourd'hui partie d'une étude menée par le CHU de Limoges visant à abaisser la durée de cette hormonothérapie.
"Je ne peux même plus ouvrir une bouteille d’eau sans avoir mal, confie Joséphina, habitante de Laurière, en Haute-Vienne, depuis trente ans. Sans mon mari, je ne pourrais pas faire grand-chose." Il y a deux ans, la Néerlandaise d'origine a été diagnostiquée d'un cancer du sein. Après plusieurs opérations, elle a suivi près de vingt séances de radiothérapie, avant de démarrer l'hormonothérapie pour diminuer les risques d'une possible rechute.
Ce traitement me rend dépressive. Je n'aime pas me voir comme ça, je ne me reconnais pas.
JoséphinaPatiente atteinte d'un cancer du sein
Après avoir ressenti les nombreux effets secondaires transmis par le traitement antihormonal, Joséphina est allée voir son médecin. "Il m'a dit que c’était ainsi, qu’on ne pouvait pas faire autrement parce que j’ai besoin du traitement", rapporte la patiente, qui depuis s'est habituée à vivre avec ces importantes douleurs, comme de nombreuses femmes atteintes par cette maladie. L'hormonothérapie fait aujourd'hui partie du schéma classique de guérison du cancer du sein.
Abaisser la durée du traitement antihormonal
Bien décidée à en finir avec ces effets secondaires, Joséphina a accepté de faire partie d'un programme d'étude lancé par le CHU de Limoges. Celui-ci, nommé "Less Hormonothérapie", consiste à abaisser la durée du traitement antihormonal de cinq à deux ans pour les patientes qui présentent le moins de risques de rechute. Le but : leur éviter ces effets indésirables. "Même si je suis inquiète, je considère que c'est une chance, confie Joséphina. J'ai encore envie de faire beaucoup de choses dans ma vie. Je vois la fin."
"Aujourd'hui, le traitement normal dure cinq ans, explique Elise Deluche, cheffe du service oncologie au CHU de Limoges et encadrante au sein du programme lancé début 2023. Toutefois, on s’est rendu compte que ce traitement ne pouvait durer que deux ans. L’objectif est de montrer, par ce test qui réunit pour le moment 200 participantes, qu’on peut déterminer les risques et adapter la durée du traitement."
Aider à mieux accepter le traitement
"D'autres études ont aussi montré que certaines femmes arrêtaient parfois leur traitement d'elles-mêmes avant la fin des cinq ans, explique Elise Deluche. Ce qui se comprend, puisqu'elles ressentent le besoin de faire des pauses, poursuit-elle. Mais cela comporte des risques." D'après l'oncologue, cette nouvelle approche, moins longue, permettrait aux femmes "de mieux supporter et accepter un traitement continu, puisqu'il est plus court".
Elise Deluche rappelle : "il faut en parler à son oncologue, son chirurgien ou son radiologue." À terme, le programme comptabiliserait près de 600 patientes dont le risque de rechute est avéré quasi nul. "C’est très surveillé, reprend l'oncologue au CHU de Limoges. Il faut y aller pas à pas."