Le futur projet de loi de finances prévoit de prélever les collectivités à hauteur de 2% de leur budget. Des restrictions en matière d'investissement, voire de fonctionnement, sont à craindre dans les agglomérations, départements et en Région Nouvelle-Aquitaine.
Pour de nombreux élus des collectivités, en 2025, c'est le budget de tous les dangers.
Un effort de cinq milliards d'euros leur est demandé dans le cadre du projet de loi de finances. L'État souhaite prélever 2% des recettes de fonctionnement des grandes collectivités. C'est ce que le gouvernement nomme un "mécanisme de précaution", avec trois milliards d'euros d'économies attendues. À cela, il faut ajouter un prélèvement de deux milliards d'euros sur la TVA. Les grandes collectivités ont déjà fait le calcul (l'association Intercommunalités de France a d'ailleurs pu les y aider en mettant en ligne le montant du prélèvement qui touchera chaque collectivité et EPCI concerné).
"Mieux vaut prévenir que guérir"
Pour la région Nouvelle-Aquitaine, l'effort demandé porte sur 126 millions d'euros d'économies, soit 3,6% du budget régional.
Le manque à gagner est important pour l'ex-région Limousin, 25 millions d'euros au total. Au niveau des départements, les prélèvements imposés sont estimés à 12 millions d'euros pour la Haute-Vienne, soit l'équivalent du budget annuel de l'entretien et de la rénovation des collèges.
En Corrèze, l'effort demandé porte sur 6,7 millions d'euros, soit le budget annuel consacré à l'entretien des routes secondaires et départementales.
La Creuse exemptée
La Creuse est épargnée, elle fait partie de la vingtaine de départements exemptés au titre de la vulnérabilité de leurs finances.
Les grandes villes et les agglomérations devront contribuer à l'effort
Si le projet de loi de finances est adopté tel quel, la ville de Limoges devra absorber une baisse de 8,5 millions d'euros de ses moyens de fonctionnement en 2025, dont 3,9 millions de reversements de recettes de fonctionnement à l'État. Dans un communiqué, la Ville de Limoges estime pouvoir absorber cette ponction et en limiter l'impact sur le service qu'elle doit à ses concitoyens.
Sur le budget 2025, nous allons essayer de maintenir le même niveau de service à la population
Emile-Roger LombertieMaire (LR) de Limoges
En Corrèze, à Brive, les élus devront trouver 1,7 million d'euros d'économies sur leurs recettes et la Communauté d'agglomération du Bassin de Brive 1,2 million.
Colère des principaux élus territoriaux
Dans les départements gérés par l'opposition, ces mesures sont souvent jugées inacceptables, d'autant que les élus n'ont pas été concertés. En Haute-Vienne, le président (PS) Jean-Caude Leblois estime que les départements ne sont pas responsables de l'aggravation du déficit budgétaire du pays. Le département de la Haute-Vienne devrait contribuer à hauteur de 12 millions d'euros alors qu'il devait déjà prévoir 32 millions d'euros d'économies sur son budget prochain. La situation est désormais périlleuse pour les finances du fait de l'effet ciseaux : les dépenses subies augmentent, les recettes chutent. Pour 2025, le département de Haute-Vienne rencontrera des difficultés à construire son budget, Jean-Claude Leblois juge que ces coups de rabots vont mettre en danger les publics les plus démunis, ceux qui perçoivent les allocations sociales, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap. Faut-il revoir à la baisse les dotations pour la petite enfance, les Ehpad, les collèges, ou encore les sapeurs-pompiers ?
Je ne sais pas qui choisir! Quels sont les dispositifs, les mesures que je dois supprimer?
Jean-Claude LebloisPrésident du Conseil Départemental de Haute-Vienne
À Limoges Métropole, les critiques sont un peu plus mesurées. Dans cette assemblée, la majorité est politiquement proche du gouvernement Barnier. Guillaume Guérin, président de Limoges Métropole (LR) confirme les six millions d'euros de recettes en moins : avec le gel de la dynamique de la TVA qui est difficilement chiffrable, mais qui venait compenser la suppression de la taxe d'habitation et la fameuse ponction de 2% sur le fonctionnement qui est destinée à alimenter un fonds de solidarité pour les plus petites collectivités en difficulté.
Je suis prêt à prendre ma part, mais l'état doit balayer devant sa porte!
Guillaume GuérinPrésident (LR) de Limoges Métropole
Guillaume Guérin annonce une réduction de la voilure en termes d'investissement, l'agglomération va investir un peu moins, mais aussi réduire ses frais de fonctionnement, alors qu'on demande aux collectivités de produire chaque année des budgets à l'équilibre ! Le président de la métropole estime être en face d'un "état boulimique en termes de dépenses et de train de vie et que ce sont des leviers auxquels le législateur devrait d'abord s'intéresser."
La plupart des élus sont vent debout, selon eux, on a changé les règles du jeu de façon arbitraire. Les axes des budgets de 2025 seront à revoir dans de nombreuses collectivités. La bataille des arbitrages n'a pas encore commencé...