Les hôpitaux peuvent-ils encore de soigner correctement les Français ? Cela fait maintenant des mois que le personnel de santé réclame plus de moyens et un point de rupture semble avoir été atteint aujourd'hui. Au CHU de Limoges, comme partout en France, les soignants étaient mobilisés.
"C'est la première fois que tous les soignants, quelle que soit leur fonction, sont côte à côte !" Du jamais-vu. Médecins, professeurs, et chefs de service ont rejoint le mouvement de protestation qui gronde depuis de longs mois maintenant dans le monde de la santé en France. À tel point que la plupart des consultations et actes non-urgents prévus ce jeudi au CHU ont été déprogrammés.
"C'est aussi la formation des médecins de demain qui est en jeu"
"La sidération est tellement importante à l'hôpital que les soignants, qu'ils soient médicaux ou paramédicaux, sont en train de partir de l'hôpital. Les soignants partent à la clinique, ils s'installent en ville parce que les conditions sont devenues trop compliquées ici", témoignent la voix agacée le docteur Sylvain Palat, médecin interne au CHU de Limoges. Avant de confier, "ça fait dix ans que je suis là, c'est une vraie vocation. Mais, je vous le dis honnêtement, je sais que, si les conditions ne changent pas, je ne ferais pas ça toute ma vie".Une situation également inédite avec la présence de la faculté de médecine de la métropole, qui était représentée sur place par son doyen, le professeur Pierre-Yves Robert. "Le CHU, c'est le terrain de stage de nos étudiants, de nos internes", rappelle le doyen. "Et si le CHU manque de moyens, c'est la formation des médecins de demain aussi qui est en jeu ainsi que les conditions de travail de nos internes et des chefs de cliniques, avec tous les risques psycho-sociaux que cela inclut".
Fermeture de lits, insuffisance d'investissements et manque de personnels sont les principaux problèmes qui sévissent au CHU de Limoges et qui sont dénoncés par les grévistes appartenant au corps médical. De leurs côtés, les membres des services techniques et administratifs déplorent avant tout des externalisations de plus en plus fréquentes.
"Au-delà du fait que le matériel soit pointu, la maintenance est effectuée par des entreprises externalisées et la réactivité pour venir réparer en cas de panne est plus longue que si nous avions des techniciens sur place. Et ça le sera de moins en moins", déplore par Fabienne Gaillard, représentante CFDT au CHU de Limoges
Plus d'argent pour l'hôpital
"Pour avoir des moyens supplémentaires pour l'hôpital, il faut avoir des financements supplémentaires. Donc, pour avoir des financements supplémentaires, il faut que la ministre [de la Santé, Agnès Buzyn] dégage un ONDAM (Objectif national des dépenses d'assurance maladie), c'est-à-dire l'objectif de dépense de la santé qui finance l'hôpital. Il faut donc absolument qu'un geste financier soit fait", explique pour sa part Florence Metge, Secrétaire générale CGT au CHU de LimogesLes syndicats réclament une augmentation de 4% de l'enveloppe prévue pour 2020 à destination de l'hôpital public. Pour rappel, dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, présenté le 30 septembre dernier, le gouvernement avait établi une augmentation de 2,1%. Soit 1,5 milliard d'euros de plus qu'en 2019, pour un budget fixé à 84,2 milliards d'euros. Une hausse jugée très insuffisante par l'ensemble des professionnels et représentants syndicaux du monde médical.
En réponse à la crise, Emmanuel Macron a promis que le gouvernement annoncerait des décisions fortes mercredi 20 novembre prochain.
Découvrez ou redécouvrez notre reportage télévisé signé Camille Chignac et Eric Boutin :