Alors que le groupe Legrand publiait, ce jeudi 5 février, ses résultats annuels pour 2022, en hausse de 19,2 %, les syndicats ont organisé une "garden-party" à l'entrée du siège limougeaud pour réclamer une hausse des salaires.
C’est un peu un rituel. Chaque année, lorsqu’un grand groupe du CAC 40 annonce des bénéfices, les syndicats montent au créneau pour que les salariés en profitent. C’est le cas chez l’entreprise Legrand actuellement.
Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), les représentants des salariés ont négocié pour augmenter les salaires. Résultat, après un mois d’échanges, ils ont obtenu 4,2% d’augmentation générale. Une hausse qu’ils jugent insuffisante, compte-tenu du contexte économique actuel :
On est dans une situation exceptionnelle, hautement inflationniste. Aujourd’hui quand le smic augmente de 10%, les salaires ne suivent pas. On espérait au moins que les salariés n’aient pas de perte de niveau de vie ou de pouvoir d’achat.
Michel Robert, délégué syndical CFDT chez Legrand
Le groupe verse bien des primes « partage de la valeur » pour compenser l’inflation, mais selon un syndicaliste, à terme cela risque de pénaliser les salariés et d’entraîner une perte de leur niveau de vie : "Les primes, ce sont des instants « T », des pansements. Sauf qu’au bout de 2 ans, 3 ans, 4 ans d’inflation, les salaires auront reculé en pouvoir d’achat de 8 à 10%".
« Une nouvelle année de performances financières »
Si les syndicats sont autant remontés aussi, c’est que ce jeudi 9 février 2023, Legrand a publié dans un communiqué ses résultats de l’année passée. Et malgré « un environnement restant très perturbé », le groupe affiche une excellente santé : un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros (soit une hausse de 19,2% par rapport à 2021) et une croissance du résultat net en hausse de 10,5%.
De quoi réjouir la direction qui l’indique dans son communiqué.
2022 marque une nouvelle année de performances financières et extra-financières de premier plan, très en ligne avec nos objectifs moyen terme (…).
Benoît Coquard, directeur général de Legrand
Fort de ces résultats, le Conseil d’administration de Legrand va donc proposer, lors de la prochaine Assemblée générale des actionnaires, une hausse de 15,2% des dividendes.
Si ce « choix stratégique de l’entreprise et de la direction » ne gêne pas le représentant de la CFDT, il estime, tout de même, que les salariés devraient bénéficier un peu plus de ces bons chiffres : "S’ils peuvent le faire pour les actionnaires, ils pourraient aussi le faire pour les salariés".
Des actions à court et moyen terme
Voilà pourquoi, après un premier blocage qui avait réuni 400 salariés le 26 janvier dernier, les syndicats organisaient ce jeudi une petite « garden-party » dans le hall d'entrée du siège limougeaud. Histoire de se rappeler au bon souvenir de la direction. Même si les négociations sont officiellement achevées dans quasiment tous les sites du groupe.
Si on réclame des augmentations de salaire, c’est qu’on en a besoin. C’est pas pour le plaisir. On ne peut pas se permettre de laisser l’inflation nous avaler et que nos salaires ne nous suffisent plus pour vivre correctement.
Lionel Guy, délégué syndical CGT chez Legrand
Des revendications auxquelles la direction refuse, pour l’instant, de répondre. Mais les syndicats préviennent : tant que l’augmentation générale des salaires chez Legrand restera inférieure à l’inflation, ils organiseront des actions, comme celle d’aujourd’hui.