On la nomme la maladie du rat. La leptospirose se transmet par l’urine des rongeurs. En France métropolitaine, 600 cas sont recensés chaque année. Parfois mortels.
Piquer une tête dans une rivière, un étang, un lac, quoi de mieux quand les fortes chaleurs de l’été apparaissent. Et la Haute-Vienne est particulièrement bien pourvue avec 700 cours d’eau.
"Tous les ans, on a environ 600 cas de leptospirose en France métropolitaine", explique Mathieu Picardeau, chercheur en microbiologie à l’Institut Pasteur. "Pour la grande majorité de ces cas, elle arrive pendant la période estivale où il y a plus d’exposition à l’eau douce, qui peut être contaminée par les rongeurs, notamment pendant les baignades".
Contamination par l’urine des rongeurs dans l’eau de baignade
La leptospirose est une maladie bactérienne transmise par les rongeurs. Ces bactéries se trouvent dans leur urine et contaminent l’environnement notamment les endroits humides comme les sols boueux ou l’eau douce. Ces bactéries peuvent survivre jusqu’à 6 mois en milieu extérieur.
"C’est principalement le contact avec l’eau douce contaminée par l’urine de tout type d’animal, mais principalement les rongeurs, qui sont les principaux réservoirs de la leptospirose", précise Mathieu Picardeau, spécialiste de la question.
"Une personne qui va se baigner avec une plaie ou qui ingurgite de l’eau douce (les muqueuses sont une voie de transmission) peut développer la maladie. 4 à 14 jours plus tard, les symptômes de la grippe apparaissent. C’est une maladie qui peut évoluer vers des formes graves jusqu’aux cas mortels, encore difficile à estimer".
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes varient en fonction de la gravité de la maladie. La leptospirose peut prendre différentes formes. Dans la majorité des cas, elle s’apparente à la grippe avec de la fièvre, des frissons, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires.
Elle est avant tout bénigne. Mais, elle peut ainsi évoluer vers une atteinte hépatique, méningée ou encore pulmonaire. Et dans 5 à 20% des cas selon les pays, cette pathologie est mortelle.
Peu connue, mal identifiée
"Le principal problème, c’est le diagnostic", constate Mathieu Picardeau. "C’est une maladie tropicale développée dans les DOM-TOM où la population est sensibilisée. En métropole, les médecins ne pensent pas forcément à la leptospirose devant un cas. On peut la traiter par des antibiotiques, mais il faut commencer le traitement le plus tôt possible".
Il existe également un vaccin. Il s’adresse essentiellement aux professions sensibles, comme celles liées à l’assainissement ou aux travaux publics. La leptospirose est d’ailleurs reconnue par l’Organisation Mondiale du travail comme maladie professionnelle.
La maladie présente aussi chez les animaux
Le chien est l’espèce domestique la plus sensible. Sont plus particulièrement touchés les chiens de chasse. Ils présentent alors des troubles hépatiques et rénaux fréquemment mortels. Là encore, un vaccin existe. D’autres animaux domestiques, comme le cheval, les vaches, chèvres ou moutons peuvent être touchés. Ils développent pour la plupart des formes chroniques de la maladie.
Comment expliquer la multiplication des cas ?
"Depuis 2014, on a deux fois plus de cas que les années précédentes. Les causes semblent plurifactorielles", selon le chercheur. "Il y a plus de diagnostics de la maladie, peut-être plus de populations de rongeurs, plus d’activités et sports nautiques (kayaking, canyoning) que précédemment. C’est une augmentation que l’on observe de manière générale dans tous les pays européens. Sans savoir précisément quels sont les facteurs déterminants. Le réchauffement climatique peut également être une explication. Des hivers plus doux qui favorisent la survie de la bactérie dans l’environnement".
Dans le monde, la leptospirose touche 1 million de personnes. 60 000 en décèdent.