Les chats responsables de la plus vaste transmission de maladie à l'homme (zoonose)

Des chercheurs de Limoges viennent de démontrer que l’évolution et la diffusion de la toxoplasmose étaient liées à la domestication du félin au cours des derniers millénaires. Ces travaux renseignent sur le rôle de l’homme dans l’émergence des zoonoses, et ils pourraient contribuer au développement d’un vaccin.

Les chats domestiques nous accompagnent, nous observent, nous attendrissent… et ils sont souvent porteurs de la toxoplasmose. C’est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmissible de l’animal à l’homme. La plupart du temps, elle n’a pas de conséquences graves, mais elle peut être dangereuse pour les personnes aux défenses immunitaires trop faibles, ou pour les futurs bébés quand une femme enceinte est touchée.

Vecteurs

Cette maladie est causée par un parasite baptisé Toxoplasma gondii. Il est déjà bien connu, mais son évolution et sa diffusion au cours des siècles avait encore sa part d’ombre. Dans une étude publiée dans Nature Communications, des chercheurs de l’Université de Limoges, membres de l’équipe Epimact*, révèlent aujourd’hui que les chats domestiques sont bien les principaux vecteurs du parasite au fil du temps et dans le monde entier.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié l’évolution du génome du parasite dans l’histoire récente, sur tout de même 40 000 ans.

Concrètement, Toxoplasma gondii est un parasite des félidés. Mais les souches adaptées aux chats domestiques sont différentes de celles adaptées aux félidés sauvages. Or, le chat est le seul félidé à être en contact avec l’homme de façon directe. Les chercheurs ont ainsi pu faire un parallèle entre la diffusion du parasite et les voyages des chats domestiques.

Dans les cales des bateaux

Il y a 10 000 ans, les Phéniciens et les Egyptiens ont commencé à adopter des chats sauvages. Ces chats domestiques vont ensuite accompagner les hommes dans leurs migrations en Afrique, en Asie, et en Europe, promenant avec eux leurs parasites.

A partir du XVIe siècle, on passe de l’ancien au nouveau monde : avec des chats censés chasser les rats dans leurs cales, les bateaux de commerce emmènent la toxoplasmose d’Europe vers l’Amérique. Lokman Galal, principal auteur de l’étude, explique ce qui a attisé sa curiosité : "On avait des souches très proches des deux côtés de l'océan, et ces souches étaient toutes des souches domestiques."

Vers un vaccin ?

Au-delà de ne nous inquiéter un peu plus quand notre chat nous lance des regards intimidants, cette étude peut avoir des applications concrètes. Aurélien Mercier, co-auteur, détaille : "On voit l’impact de l’homme dans l’émergence d’une zoonose très importante. On comprend son mécanisme". Le chercheur va plus loin : "Les gènes identifiés pourraient être des cibles pour un vaccin. Et la vaccination des chats pourrait court-circuiter la transmission du parasite."

Les propriétaires de chats s’en doutaient, mais les travaux menés à Limoges confirment que cet animal insaisissable n’a pas encore livré tous ses secrets...

*L'équipe Epimact, Épidémiologie des maladies chroniques en zone tropicale, labellisée Inserm et IRD, bénéficie des financements de l’Agence nationale pour la recherche.

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