Le tribunal correctionnel de Limoges a condamné 6 hommes d'une vingtaine d'années à des peines allant de 4 à 8 mois de prison avec sursis pour extorsion. La victime était absente du procès.
Tout est parti de l'appel de détresse d'un couple à la police dans la soirée du 14 mars 2022. Il s'agissait de parents inquiets qui avaient toutes les raisons de penser que leur fils Gaétan venait d'être enlevé chez lui par un groupe d'individus bien décidés à récupérer une créance. Leur autre fils, Gabriel, devait de l'argent à ces derniers.
Intervention rapide de la police
Les policiers ont réussi à géolocaliser le téléphone du jeune homme près d'un étang à Beaune-les-mines. Arrivés sur les lieux, ils ont constaté la présence de deux véhicules et interpellé plusieurs hommes.
Gaétan était assis à l'intérieur de l'une des deux voitures. Soulagé, il a confié aux policiers que ses agresseurs menaçaient de lui casser les jambes s'il ne retirait pas 900 euros d'un distributeur.
Les policiers ont retrouvé une arme et les clés du domicile de la victime sous le siège d'un des véhicules.
Procès
Vendredi 9 décembre 2022, 6 des jeunes interpellés comparaissaient à la barre du tribunal correctionnel de Limoges. La victime n'était, en revanche, ni présente ni représentée. Elle n'a donné aucune explication au tribunal. Une absence qui a posé problème à Maître Julia Bénaïm, avocate de l'un des 6 prévenus : "C'est un dossier qui est complètement vide, qui repose sur les déclarations d'une personne qui est absente. Ses déclarations n'ont été étayées par aucune investigation réelle."
Les 6 prévenus sont âgés d'une vingtaine d'années. Ils sont étudiants, intérimaires, footballeurs et se sont exprimés posément en répondant aux questions de la présidente.
Tous se sont visiblement entendus sur une seule version : pas de menaces, pas de contraintes, ils devaient partager une soirée à Ambazac, ne se connaissaient pas tous et se sont retrouvés à deux voitures au mauvais endroit au mauvais moment.
Leurs avocates ont toutes plaidé la relaxe de leurs clients respectifs.
Le procureur a contextualisé les faits sur fond de transport de cocaïne. Il a requis deux mois ferme contre cinq d'entre eux et huit mois avec un sursis probatoire à l'encontre du sixième.
Le tribunal, après un court délibéré, a abandonné les poursuites d'enlèvement et condamné les six prévenus à une peine de sursis allant de 4 à 8 mois pour extorsion.