Limoges : un dernier spectacle pour le théâtre de la Passerelle avant Avignon, un festival plus comme avant

Le théâtre de La Passerelle, à Limoges, achève sa saison culturelle avec, jusqu’à dimanche, « Contre les bêtes ». Puis, comme depuis 32 ans, Michel Bruzat prendra le chemin d’Avignon. Un festival plus que jamais vital pour la profession, mais de plus en plus vidé de sa substance.

Puisque « l’Omme » a perdu son H, comprendre son humanité, autant s’entêter et persister, et avoir la peau de toutes les autres espèces !
Tel est «Contre les Bêtes », un texte de presque trente ans de Jacques Rebotier, qualifié en son temps de "Queneau écolo", non sans raison, par le Canard Enchaîné, et joué par Delphine Valeille, jusqu’à ce dimanche 26 juin, au théâtre de La Passerelle.
Cynique mais jouissif, désespérant mais drôle, «Contre les Bêtes » est plus que jamais d’actualité, laissant comme un arrière-goût amer en bouche, face à la folie destructrice des « Ommes ». 

Une amertume à l’image du maître des lieux, Michel Bruzat.
Ce dernier spectacle de sa saison bouclé, il partira, comme chaque été depuis 32 ans, à Avignon, avec dans ses bagages sa création saluée de «Merci», de Daniel Pennac, avec Flavie Edel Jaume.

Un spectacle qui sera joué, à partir du 7 juillet, au prestigieux Théâtre des Carmes d’André Benedetto, créateur du Festival OFF, et aujourd’hui dirigé par son fils, Sébastien.
Un endroit magique, et un Festival toujours intéressant, mais qui s’est considérablement transformé ces dernières années, et sur lequel Michel Bruzat porte un regard lucide, désabusé mais avec encore, veut il le croire, un peu d’espoir.

La Cour d'Honneur est devenu le marché du Temple,

« Villard a disparu !
Tout ça maintenant est devenu un grand marché, avec de épiciers qui louent des garages…
C’est la fausse fête, c’est une grosse foire.
Mais si tu ne vas pas à Avignon, t’es foutu !
Parce qu’il y a tous les programmateurs qui sont là, pour acheter leurs saisons.
Il y a 1600 spectacles par jour, donc c’est une grande escroquerie, parce qu’ils voient on va dire 27 spectacles par jour, donc à un moment donné, ils ont des petits coups de pompe, mais ils choisissent.
En plus, sur les 1600, il y en a quoi, une centaine que tu peux regarder…
Et il y a tout Paris qui descend, ceux qu’on a vus une fois à la télé, et qui ont des files d’attentes…
Et là où il se passe des choses importantes, avec des grands textes, avec ceux qui sont de passeurs de texte, il n’y a parfois que 10 à 15 personnes, sans file d’attente.
La première semaine, il y a 200 compagnies qui repartent, parce qu’elles ont zéro dans la salle !
À Avignon, il y a des gens qui naissent, il y a des gens qui meurent

Mais le Festival reste incontournable, avec encore, parfois, des gens, du sens et des rencontres

«Moi, je rêverai de créer un festival à la campagne, en Limousin, mais si je ne vais pas à Avignon, je ne donne pas de travail.
Parce qu’Avignon permet encore à des milliers d’intermittents du spectacle de continuer, d’exercer leur métier, mais je parle des vrais hein, pas des imposteurs.
J’ai cette chance de jouer chez Sébastien Benedetto, c’est un honnête homme, il ne défend que des gens engagés, qui ne sont pas des voleurs, des marchands.
Le Théâtre de la Passerelle, depuis 30 ans, a eu cette chance d’avoir une reconnaissance, qui permet à Marie Thomas, à Flavie Edel (autrefois Avargues), à Nadine Béchade, à Mauricette Touyeras, à Philippe Labonne et tant d’autres, de tourner, de jouer et de vivre.
Tous les textes qu’on a joué là-bas ont tourné en France et à l’étranger.
Mais il y a de l’espoir.
Parce que dans ce merdier, il y a toujours des pépites, des lucioles, des étoiles, et on peut découvrir des talents.

Sans parler des rencontres, qui sont toujours aussi essentielles et qui font de nous ce qu’on est, en nous changeant, en nous modifiant. »

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