Des spécialistes du CHU et de l’Université de Limoges participent à un projet de recherche utilisant l’intelligence artificielle pour détecter les premiers symptômes de l’autisme, dès la naissance de l’enfant.
C’est une première mondiale. Des médecins et des chercheurs du CHU et de l’Université de Limoges viennent du publier dans la célèbre revue « Scientific Reports » les résultats d’une étude préliminaire sur la détection du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA).
Machine learning analysis of pregnancy data enables early identification of a subpopulation of newborns with ASDhttps://t.co/0KcvSYgfqU
— autisme info (@AutismeInfo) March 26, 2021
Menée pendant 3 ans en partenariats avec des spécialistes marseillais et parisiens, cette analyse jette les bases d’un processus d’identification des enfants susceptibles d’être diagnostiqués autistes, dès leur naissance.
Il est possible d’identifier, grâce à ce programme d’intelligence artificielle, 95 % des bébés qui ne seront pas diagnostiqués plus tard avec des TSAs et 1 enfant sur 3 qui le sera, mais avec une précision de 75 %.
Pour parvenir à de tels résultats, les services du CHU et de l’Université de Limoges ont analysé une batterie de données liées à la grossesse et à la naissance de 65 enfants autistes et 190 autres, nés entre 2012 et 2013 à l’Hôpital de la mère et de l'enfant de Limoges.
Au total, les médecins et les chercheurs ont analysé et croisé 120 données allant de la taille de croissance du fémur à la différence de température au fil des jours suivant la naissance. Une masse d’informations difficile à analyser seul.
Les Limougeauds ont donc fait appel aux services d’une Intelligence Artificielle basée à Marseille. Cette technologie basée sur le « Machine learning » a permis de traiter toutes les données et d’en sortir une première grille de lecture de l'autisme chez l'enfant.
Une première étape majeure
Aujourd'hui, l'autisme n'est diagnostiqué qu'a partir de deux ans en moyenne chez l'enfant. Repérer la présence de TSA dès la naissance permettrait donc une meilleure prise en charge de ces troubles, avec des techniques psycho-éducatives adaptées. Les premières années étant déterminantes dans la maturation et les apprentissages implicites de l’enfant, comme le langage.
J’espère que dans l’année nous pourrons réaliser des études sur 600 maternités afin de préciser nos résultats.
Mais il ne s’agit que d’une étude préliminaire qui doit être confirmée par des analyses supplémentaires, rappelle le Dr Lemonnier. Pour pouvoir affirmer ou infirmer ces résultats, les chercheurs et les médecins vont d’abord tenter de réaliser le même type d’analyse à une échelle plus large, dans d'autres maternités, en France et à l'étranger.
Enfin, la dernière étape consistera en une analyse en cours de grossesse sur un large échantillon des femmes enceintes. La route est donc encore longue, mais les progrès sont encourageants.