La coupe reliquaire contenant le crâne de Saint-Martial est sortie de sa châsse de l'église Saint-Michel-des-Lions de Limoges ce dimanche 19 avril. Des Ostensions exceptionnelles, normalement les reliques de saints ne sont montrées aux fidèles du Limousin qu'une fois tous les 7 ans.
Ils ne sont qu'une vingtaine de fidèles à pouvoir assister à cette cérémonie d'Ostensions, église Saint-Michel-des-Lions à 17h ce dimanche 19 avril.
L'évêque, le curé de l'église, le maire de Limoges et des membres des confréries de Saint-Martial, Saint-Loup, Saint-Aurélien et Sainte-Valérie assistent à cet office qui se tient à huis-clos. Confinement oblige, aucune procession n'a lieu dans les rues de Limoges.
Nous ouvrons la châsse de Saint-Martial, prenons le reliquaire contenant le chef de Saint-Martial mais sans sortir le crâne. Cela n'a rien à voir avec les Grandes Ostensions qui se déroulent tous les 7 ans. (Jacques Fillet, 1er Bayle de la grande confrérie de Saint-Martial)
En l'espèce, il s'agit d'Ostensions dites exceptionnelles. A plusieurs reprises, dans l'histoire du Limousin, l'Eglise a présenté aux fidèles les reliques de saints lors d'évènements remarquables : pluies, sécheresses, pandémies...
La dernière fois que le reliquaire de Saint-Martial a quitté Limoges, c'était en septembre 2017, à l'occasion des 700 ans du diocèse de Tulle.Le cérémonial pour ouvrir la châsse est très précis. Les 4 détenteurs des clefs doivent être présents : l'évêque, le maire de Limoges, le curé de Saint-Michel-des-Lions ainsi que le 1er Bayle de la grande confrérie de Saint-Martial.
C'est un événement à la fois cultuel et culturel à haute dimension symbolique. La vision autour de l'épidémie du Covid-19 est pessimiste, destructrice. En cette période, tout ce qui est porteur d'espoir est positif. Adopter les gestes-barrière, le confinement, les tests, c'est nécessaire mais il faut aussi renforcer le lien entre nous. Comme dit l'adage : aide-toi et le ciel t'aidera ! (Emile-Roger Lombertie, maire de Limoges)
En appeler à Dieu et à ses saints pour vaincre le Coronavirus
Une fois la cérémonie achevée, le chef de Saint-Martial ne réintégre pas sa châsse dans l'église mais il est amené à l'évêché de Limoges. Tous les soirs à 18h et jusqu'à la fin de l'épidémie de Covid-19, Mgr Pierre-Antoine Bozo bénira le crâne et priera pour que cesse cette pandémie.
Je vais demander l'intercession, à travers Saint-Martial parler à Dieu pour que ce mal s'arrête. Nous espérons tous que ce virus s'éteigne le plus vite possible afin de sortir de ces moments de privation difficiles à vivre. Notre action passe par la ferveur, la foi. (Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges)
A l'origine des Ostensions limousines, le Mal des Ardents
Le "Mal des Ardents" fit de nombreuses victimes. Les malades touchés, souffraient comme si un feu les brûlait de l’intérieur. Une maladie provoquant des vésicules sous la peau, des ulcères, des membres se nécrosant.
Pour conjurer ce mal, évêques, abbés et seigneurs d’Aquitaine portèrent en procession les reliques de Saint-Martial à Limoges. L’épidémie cessa.
Tous les 7 ans, les Ostensions célèbrent le « Miracle des Ardents ». Des communes essentiellementde Haute-Vienne mais également de Creuse, Charente et Vienne participent aux célébrations.
Des ostensions cultuelles et culturelles
Des militants laïques de « La Libre-pensée » contestent en 2009 le subventionnement des Ostensions par les collectivités territoriales. Le non-respect de la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 est invoquée.
Le tribunal administratif de Limoges leur donnera raison. La plus haute juridiction française, le Conseil d’Etat, confirmera le 15 février 2013, le caractère cultuel des Ostensions.
Le 4 décembre 2013, à Bakou, en Azerbaïdjan, l’Unesco vote l’inscription des Ostensions septennales du Limousin sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, affirmant par la-même le caractère universel de cette manifestation.
Notre reportage :