Ouverture de la chasse en Haute-Vienne : en pleine sècheresse, est-ce bien raisonnable ?

L'ouverture de la chasse a eu lieu ce dimanche matin, 11 septembre 2022 dans 47 départements français, parmi lesquels ceux du Limousin. Une reprise qui soulève de nombreuses interrogations alors que la région traverse une période de sècheresse historique.

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Aucun diagnostic précis n'existe pour l'instant quant aux impacts de la sècheresse sur les différentes espèces de gibier. Mais nul besoin d'être grand clerc pour comprendre que sans eau, pas de végétation, moins de nourriture pour les chevreuils, cerfs, sangliers, lièvres et lapins...

Si certaines préfectures, comme celle de l'Aveyron, ont opté pour un report de l'ouverture de la chasse ce n'est pas le cas en Haute-Vienne où notre équipe a suivi trois des 8500 chasseurs du département. 

Parmi eux, Jean-Paul Patzourenkoff et son épagneul breton, dont la truffe est chagrine ce matin : "Le chien ne flaire rien parce que c'est trop sec déjà. Et quand on se balade sur les chemins, des fois on voit quelques faisans, quelques perdrix, là pour l'instant rien, il n'y aura que les lâchers qui vont être bénéfiques."

"Sur la commune d'Aureil, la Valoine a été à sec pratiquement tout cet été. Donc un animal qui avait l'habitude de venir boire dans la Valoine à dû chercher un étang ou une zone humide au plus prés," explique Hélène David-Brunet, la présidente de la fédération de chasse de la Haute-Vienne.

Des lâchers pour compenser le manque de gibier

Pour compenser le manque de petit gibier, comme chaque année, les associations de chasse organisent des lâchers de faisans, perdrix ou encore canards colverts. Des oiseaux qui vont être nourris et abreuvés.

Edmond Lamy de La Chapelle, le président de l'ACCA Saint-Martin-Terressus (Haute-Vienne), emmène notre équipe sur un site où quelques jours auparavant du gibier d'élevage a été lâché : "On a des agrainoirs et puis il y a des petits bacs d'eau, on les garde toujours remplis. Comme les oiseaux ont été lâchés ici ils ont tendance à revenir manger et boire à cet endroit là."

Des solutions plus radicales pour les défenseurs des animaux

Pour le naturaliste Marc Giraud, porte parole de l'APSAS ( l'Association pour la Protection des Animaux Sauvages), cette saison de chasse aurait même pu être annulée dans certains territoires  : "L'ASPAS a fait des lettres à tous les préfets concernés par des zones de sècheresse pour suspendre la chasse. Parce que les animaux vont tellement mal à cause des incendies, il y en a pas mal qui ont grillé, et de la sécheresse, que la chasse en plus, c'est la chasse en trop."

"Le manque d'eau fait aussi le manque de lait pour les femelles, on voit des faons beaucoup plus petits que d'autres années," ajoute le naturaliste.

Cependant aucune baisse du nombre d'animaux "prélevés" n'est prévu cette année. 

En 2021 en France, 840 000 sangliers, 550 000 chevreuils et près de 80 000 cervidés ont été tués.

Difficile de réconcilier chasseurs et défenseurs des animaux, la sécheresse aurait pu offrir une forme de moratoire ce ne sera pas le cas cette année. 

Pourtant, certains territoires ont fait le choix d'interdire purement et simplement la chasse, c'est le cas du canton de Genève en Suisse où la chasse n'existe tout simplement plus depuis 1974. "Seuls quelques sangliers sont régulés par des agents du gouvernement et c'est tout. [...] En France il y en a environ 1 500 000 chevreuils, en Allemagne il y en a 2 500 000, presque le double. Donc il ne faudrait pas s'inquiéter qu'il y en ait plus. Les chevreuils débroussaillent, ils limitent ainsi les incendies. Donc préservons tous ces animaux là," argumente Marc Giraud.

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