Le nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés a presque doublé, en moins de dix ans, en Haute-Vienne. Mais l’accompagnement de ces élèves par des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) reste encore souvent problématique : si leur nombre a également doublé, il reste encore insuffisant, la faute, notamment, à leur statut précaire.
De plus en plus d'enfants bénéficient de l'école inclusive
Depuis 2005, et la promulgation de la loi pour l’égalité des droits et des chances, l’école inclusive n’a cessé de se développer, accueillant toujours plus d’enfants en situation de handicap.
Ils étaient 134 000, scolarisés en milieu ordinaire, en 2004. Dix-huit ans plus tard, leur nombre atteignait 436 000. La hausse est un peu moins forte en Haute-Vienne, mais tout de même : on est passé de 1 500, en 2015, à 2 700 en 2024, soit 4,5 % des effectifs confondus (public et privé, primaire et secondaire). Des enfants qui pour beaucoup (1 900 sur les 2 700) bénéficient d’une notification d’accompagnement, c’est-à-dire qu’un AESH doit leur venir en aide.
Le nombre d'AESH progresse, mais pas suffisamment
Mais même si les effectifs de ces AESH ont également progressé, passant de 405 en 2015 à 800 en 2024 en Haute-Vienne, leur nombre reste donc insuffisant. D’autant plus que ces emplois sont très souvent à temps partiel, et que les 800 agents ne représentent finalement que 461 ETP (Équivalent Temps Plein).
Si la Direction des Services de l’Éducation nationale, la DSDEN, assure ne pas avoir de problématique de recrutement sur ces postes, certains parents sont confrontés à des difficultés liées à l’accueil et à l’accompagnement de leurs enfants en milieu scolaire ordinaire.
Des cas particuliers qui restent difficiles
Ainsi la famille du petit Loucas, 3 ans et demi, qui réside à Saint-Priest-sous-Aixe en Haute-Vienne.
Le garçon souffre du syndrome Koolen de Vries, une maladie génétique rare qui affecte ses capacités à manger, à se tenir ou encore à parler.
Après plus d’un an de démarches éprouvantes pour ses parents, afin d’obtenir l’accompagnement d’un AESH pour leur fils, Loucas est enfin scolarisé depuis septembre dernier. Une scolarisation dont les effets positifs sont indéniables.
Maintenant, il est sociable, il va vers les gens. Il joue avec les autres enfants, avant, ce n’était pas pensable. Même sur le langage, il essaye de dire la fin des mots, il a fait énormément de progrès… On ne s’attendait pas à autant !
Charlène Mérymaman de Loucas
Or, trois jours seulement avant la rentrée de Loucas, la personne trouvée s’était désistée. La situation s’est finalement réglée en urgence, et si les parents ont pu comprendre le désistement, du fait de la précarité des contrats d’AESH, ils redoutent la même incertitude, pour la prochaine rentrée.
Cela reste un contrat précaire, qui n’est pas à 35 H. Du coup, ces personnes-là peuvent trouver un autre emploi entre-temps, et donc se désister. Mais cela nous touche directement, puisqu’on n’est pas certain, au premier jour de rentrée, d’avoir quelqu’un.
Nicolas Mérypapa de Loucas
L'Éducation nationale demande de la patience
L’Inspection Académique, consciente du problème, demande néanmoins de la patience aux familles.
La démarche reste douloureuse, eu égard à la situation de l’enfant. Donc, on s’attache à accompagner les parents au mieux, on souhaite que les choses soient prêtes le plus tôt possible. Néanmoins, si on veut être le plus efficient, et faire concorder le besoin de l’élève là où il est, avec les personnels qui l’accompagnent, il faut être un peu patient et accepter que la rentrée se déroule, se prépare dans des délais plus contraints.
Corinne Grizonsecrétaire générale des services départementaux de l'Éducation Nationale
C’est pourquoi plusieurs syndicats enseignants réclament aujourd'hui de meilleures conditions de travail, et une hausse des salaires pour les accompagnants des élèves handicapés, piliers de l’école inclusive.