Alors que le débat sur la réforme des retraites bat son plein, le monde associatif craint que le maintien des plus de 60 ans dans le monde du travail le prive d’une grande partie de ses bénévoles.
Associations culturelles, associations caritatives, associations sportives et même conseils municipaux : la perspective d’un recul de l’âge de la retraite inquiète sérieusement tout le monde associatif qui ne fonctionne que grâce au dévouement de ses bénévoles.
Du dévouement, cela veut dire du temps de présence et des compétences. Autant de ressources précieuses, indispensables qui pourraient bien échapper aux 1,5 million d’associations actives que compte notre pays.
Depuis les années 70, le mouvement associatif fait preuve d’une vitalité remarquable. Plus d’associations ont été créées durant les trente dernières années que depuis 1901.
Trois bénévoles sur 10 ont plus de 65 ans, la moitié des responsables d'associations sont des retraités
Aujourd’hui, selon la base de données Associathèque, elles sont animées par 12 millions de bénévoles qui emploient 1,8 million de salariés dont 920 000 dans le secteur sanitaire, 60 000 dans le secteur culturel et 81 000 dans le secteur sportif.
Elles représentent un budget de 113 milliards d’euros et génèrent 3,3% du Produit Intérieur Brut de la France.
En 2013, selon France Bénévolat, 36% des plus de 65 ans étaient bénévoles dans une association, et 3 bénévoles sur 10 avaient plus de 65 ans.
Mais plus de la moitié des responsables d’associations étaient des retraités, tout comme les bénévoles dits « réguliers », environ 2 millions de personnes qui constituent en quelque sorte le « squelette » du réseau associatif français.
À Limoges, Guy Delorme est bénévole à la Banque Alimentaire depuis qu’il a pris sa retraite.
Je suis venu à la Banque Alimentaire quand j’avais 60 ans. Et si ça devait arriver maintenant, je ne pourrais venir qu’à 64 ans. C’est 4 ans de bénévolat de perdu et de bénévolat où on est le plus efficace.
Guy Delorme, 64 ans, bénévole à la Banque Alimentaire
À la Banque alimentaire de Limoges, on craint que la réforme des retraites complique sérieusement le recrutement des jeunes retraités bénévoles motivés, actifs, compétents et en pleine forme physique.
Dans cette association, les trois quarts des 68 bénévoles sont retraités. Mais collecter, transporter, distribuer des denrées alimentaires, sont de tâches physiques pour lesquelles quelques années de différence d’âge se font très vite sentir.
Ici, on fait beaucoup de manutention. Ca nous intéresse d’avoir des retraités jeunes, qui ont une expérience professionnelle encore fraîche et qui peuvent nous rendre service au quotidien. La réforme risque d’impacter le nombre de bénévoles qui vont arriver dans nos structures.
Mireille Habert, présidente de la banque alimentaire de la Haute-Vienne
Dans les petites communes, pas de maires sans retraités
Autre secteur concerné : le monde politique local, et tout particulièrement les conseils municipaux.
En 2020, 55% des maires des communes françaises étaient des retraités, comme Gaston Chassain, le maire de Feytiat dans la banlieue de Limoges.
Il est très difficile de mener une activité professionnelle à plein temps et d’être maire en même temps dans une commune telle que Feytiat. On doit faire face à beaucoup de choses qui ne sont pas prévues, mais aussi participer à beaucoup de réunions qui se tiennent en journée puisque les services font souvent leurs réunions en journée à cause des collaborateurs.
Gaston Chassain, maire de Feytiat (87)
Qui va garder les enfants ?
Dernière inconnue des conséquences du recul de l’âge légal de la retraite : le sort des jeunes parents d’écoliers qui, bien souvent, se reposent sur les grands-parents pour s’occuper des enfants après l’école ou pendant une partie des congés scolaires. Autant de millions d’heures non quantifiées qui n’ont pas de prix.