Elle s'appelle Françoise. Nous sommes en 1955 dans une école de Haute-Vienne. "Fanfan à l'école des garçons", une séquence d'archives qui en dit long sur l'évolution de la mixité dans les classes. C'est le coup de projecteur de NoA Histoire à l'occasion de la rentrée scolaire.
Avec la rentrée des classes et le retour sur les bancs de l'école des petits et des plus grands, pourquoi ne pas essayer de comprendre ce qui a changé entre l'école de nos grands-parents ou de nos arrière-grands-parents et l'école d'aujourd'hui ?
Un voyage dans le temps avec Fanfan
Comme fil conducteur, et grâce à la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, faisons connaissance avec Fanfan. Son père, Roger Breillout, est né en 1918 au sud-est de la Haute-Vienne. Il a été instituteur à Saint-Bonnet-Briance et à Linares et il a tourné de nombreuses images du monde scolaire. Parmi les documents préservés, "Fanfan à l'école des garçons".
Fanfan, de son vrai nom Françoise, est la fille de l'instituteur.
On est en 1955, la mixité ne s'est pas généralisée, ça arrivera plutôt dans les années 60, avant de venir à une généralité dans les années 70. Et en filmant ça, il fait presque un acte militant
Patrick Malefonddirecteur de la Cinémathèque Nouvelle-Aquitaine.
Quand on voit cette petite Fanfan, dans les années 50, presque seule au milieu des garçons, ce qui était assez rare, on ne peut s'empêcher de se rappeler que la mixité a longtemps été perçue comme menaçant les rôles traditionnels. En tout cas, elle était liée à une conception de la société qui a évolué.
La mixité à l'école : un défi pour les normes sociales
"Aujourd'hui, on entend certaines personnes poser des questions par rapport à cette mixité. En réalité, là, il y a peut-être effectivement un acte militant de la part du maître-cinéaste, qui, à travers cette mise en scène, montre la présence de cette petite fille. On voit une petite fille appliquée, une petite fille qui travaille", analyse Maryan Lemoine, maître de conférences en Sciences de l’éducation et de la formation.
Les années lycée : un pas vers l'émancipation
1963. Fanfan a grandi. Elle est au lycée Renoir à Limoges. Un établissement tout juste sorti de terre. Cette jeune fille, qui rentre à l'internat, bénéficie de toute l'éducation que lui a prodiguée son père les années précédentes. Cinq ans avant 1968, ce sont probablement les prémices de l'émancipation des jeunes, via des actes militants d'éducation populaire.
Fanfan, fille d'instituteur et d'institutrice, c'est aussi cette possibilité d'envisager des études supérieures, en tout cas jusqu'au lycée et bien au-delà, parce qu'elle est issue de l'Education nationale
Maryan LemoineMaître de conférences en Sciences de l’éducation et de la formation
Mais cette installation à l'internat reste tout de même une affaire de femme. La mère, la grand-mère. C'est une rentrée qui implique trois générations dans des tâches qui restent domestiques comme le rangement du trousseau ou la préparation du lit.
L’Héritage de Roger Breillout
Quant au père de Fanfan, Roger Breillout, son nom n'est peut-être pas resté dans l'histoire, mais son travail de cinéaste amateur mérite d'être reconnu. Pour Patrick Malefond, "il faut rendre hommage à ces personnes qui ont contribué, à leur façon, à la démocratisation, à la mixité, à ce travail sur l'éducation populaire, de l'éducation en milieu rural. Ce film est clairement à la fois d'un point de vue formel et sur le fond complètement en phase avec la société française de l'époque". Ce film est un précieux témoignage sur les années 50 et 60, marquant le passage vers la modernité.
Retouvez sur France.tv "L'école à travers les époques", un numéro de NoA Histoire présenté par Vanessa Finot, avec Patrick Malefond, directeur de la Cinémathèque Nouvelle-Aquitaine, Maryan Lemoine, Maître de conférences en Sciences de l’éducation et de la formation et le journaliste Jean-Martial Jonquard