À l'occasion de son passage au théâtre de l'Union où elle joue dans La Cantatrice Chauve, la comédienne nous a accordé un entretien. Elle nous a confié les raisons pour lesquelles elle se sent si bien à Limoges. Tellement bien qu'elle a même envisagé de se faire tatouer le nom de cette ville.
Après avoir joué à Annecy, les comédiens de La Cantatrice Chauve sont arrivés mardi 11 octobre à Limoges pour sept représentations au théâtre de l’Union. Dans l’équipe du metteur en scène Pierre Pradinas, il y a Romane Bohringer que nous avons retrouvée jeudi après-midi entre deux spectacles. La comédienne nous a confié sa joie d’être de retour à Limoges. Car cette adaptation du texte d'Eugène Ionesco est le huitième projet qu'elle mène avec le metteur en scène, qui a dirigé le site limougeaud de 2002 à 2014.
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Lors de la première limougeaude mardi soir, le public a très largement applaudi l’équipe et salué la prestation de Romane Bohringer. Une salle que la comédienne était particulièrement heureuse de retrouver : il faut dire que ce public, elle le connaît bien. Avec les spectateurs limougeauds, elle a tissé des liens. Ce public bienveillant est revenu assister à chacun des spectacles où elle a joué par le passé et il semble l’accueillir, à chaque fois, de manière chaleureuse. Pour preuve, dès les premières minutes de la pièce, où la comédienne démarre par un long monologue, les spectateurs ont salué son retour par de nombreux rires de connivence.
Limoges, une longue histoire…
La comédienne y a passé de très nombreux moments. Il y a ici beaucoup de bons souvenirs… Elle nous a confié qu’elle avait pour habitude de réaliser un tatouage tous les dix ans… Pour ses 40 ans, elle a d’ailleurs envisagé de se faire tatouer « Limoges » sur l’avant-bras ! Non, ce n’est pas une plaisanterie, et elle y réfléchit sérieusement car c’est une ville où elle n’a cessé de revenir au cours des dix dernières années. Au cours de cette décennie où elle a beaucoup joué, Romane Bohringer pense avoir beaucoup changé en tant que femme (elle est devenue mère) et en tant que comédienne sous l’influence du metteur en scène Pierre Pradinas.
Romane Bohringer nous a également parlé de ce rôle de Mme Smith qu’elle interprète dans La Cantatrice Chauve…. Un rôle fait de répétitions et de textes improbables. A-t-il été difficile à apprendre ? Non, confesse-t-elle, car elle avoue avoir une « mémoire en béton » : le problème n’est pas là. Le plus difficile a été de comprendre le rôle pour l’interpréter dans cette anti-pièce où Ionesco a, selon elle, écrit des anti-rôles. Pour elle, cette pièce est un texte très lourd et qu'elle conseille finalement de regarder en tant que spectateur plutôt que de lire en solitaire.
Et le travail avec Pierre Pradinas ?
Autre difficulté pour préparer cette pièce : Ionesco ne donne pas de détails sur la psychologie des personnages. Avec Pierre Pradinas, qui ne donne pas de directive trop stricte avant de commencer le travail de création, il a donc fallu trouver comment donner corps à cette bourgeoise anglaise qui raconte des histoires « juste pour remplir les blancs ». Une femme qui tente de garder son monde et qui a besoin de tout contrôler. Pour lui donner vie, Romane Bohringer a tout d’abord tenté de l’interpréter en parlant lentement puis s’est décidée à lui donner un caractère agité, sans cesse au bord de la rupture … Un personnage qu’elle a finalement appris à aimer.
Et l'interprétation s’avère particulièrement réussie car la comédienne est tantôt drôle, tantôt fragile et angoissante, mais toujours sous contrôle. Elle remplit l'espace. On notera une scène en particulier : on sonne à la porte… Mme Smith part en sautillant et revient presque aussi vite pour signaler qu’il n’y a personne. Un moment qui a enchanté le public et pourtant, rien n’avait été calculé à l’avance. "Avec Pierre, on a un peu peur du gag !". Le comique de situation s’est imposé en créant le personnage qui s’agite sans cesse sur de hauts talons.
Concernant l’avenir, le spectacle partira en tournée de novembre 2016 à janvier 2017. Pas de retour prévu à Limoges pour le moment, même si Romane Bohringer confie qu’elle aimerait revenir, qu’elle reviendra sûrement…
Pour celles et ceux qui souhaitent la revoir, rendez-vous au cinéma à partir du 2 novembre 2016 où la comédienne sera à l’affiche du nouveau film de Jean-Claude Barny : Le Gang des Antillais.