Ils ont lutté contre les incendies les plus importants que l’Europe ait connu dans son histoire. Deux membres des Pompiers de l’Urgence Internationale, association basée à Limoges, nous racontent leur expérience.
François Rethoret est un pompier de Corrèze, membre expérimenté des Pompiers de l’Urgence Internationale. Céline Delarochette est pompier volontaire en Haute-Vienne et elle a intégré l’association il y a seulement un an. Ils sont tous les deux rentrés de Grèce ce samedi 2 septembre après une mission particulièrement marquante.
D’abord dans le nord d’Athènes, où 25 000 personnes ont été évacuées, ensuite sur l’île d’Andros et ses 40 000 hectares partis en fumée, enfin au cœur du feu de la forêt d’Evros qui a déjà fait 20 victimes.
200 départs de feu le même jour
François Rethoret raconte : "Imaginez en France 200 départs de feu le même jour. C’est ce qu’ils ont eu samedi dernier (…). Pendant plusieurs centaines de kilomètres, vous roulez sur l’autoroute, et tout est brûlé des deux côtés."
Au-delà de l’ampleur jamais vue des incendies, les pompiers français ont été frappés par les conditions d’interventions de leurs collègues grecs.
D’abord avec le manque d’eau, même pour les pompiers. Céline témoigne : "Il faut économiser l’eau. On ne va pas attaquer le feu, on va protéger les villages avec l’eau qu’on a." François ajoute : "Ce sont des personnes du village qui viennent avec leurs citernes d’eau, ou des camions de sociétés privées qui viennent nous amener l’eau à un carrefour."
Manque de moyens
L’équipement des pompiers est très aussi différent. Céline, volontaire en France, n’a pas vu l’équivalent sur place : "Dans la caserne où on était, c’étaient des bénévoles. Ils achètent leur matériel, leurs tenues, et leurs véhicules, ce sont des dons." François Rethoret fait le même constat : "Les pompiers grecs ont très peu de moyens en 4×4. Ils interviennent avec des véhicules urbains."
Mais au-delà des moyens, les méthodes d’intervention sont surprenantes, ce qui peut provoquer de l’amertume. François témoigne : "En France, on nous apprend à aller au contact du feu pour le stopper. Les pompiers grecs l’attendent." Ce n’est pas la seule différence : "Ils l’éteignent, mais ils ne font pas de surveillance derrière (…) On nous a fait changer un certain nombre de fois : dès que le feu était stoppé, il fallait qu’on se déplace de plusieurs kilomètres. On revenait ensuite à l’endroit où on était au départ, et on voyait que le feu avait repris sur d’autres versants."
Nouveau départ ?
Douze jours de mission pour François, neuf pour Céline, mais à l’arrivée, ils ont le même état d’esprit. Céline nous confie : "S’il fallait repartir, je n’hésiterais pas." François confirme : "Il y a une partie de nous-même qui est restée en Grèce."
La situation sur place n’est toujours pas maîtrisée, et selon une étude publiée mercredi 30 août, le bouleversement climatique accroît nettement le risque d'incendies de forêt à propagation rapide.
Avec Sébastien Laporte