3 ans et demi de prison, c’est la peine infligée par le tribunal de Limoges ce vendredi 18 février à Sébastien Buisson, fondateur de l’association Les Nez Rouges. Il était poursuivi pour abus de confiance aggravé. Ce que l’intéressé conteste.
« Je suis très triste de cette décision », déclare aujourd’hui Sébastien Buisson à l’écoute de l’énoncé du délibéré du Tribunal correctionnel de Limoges. Il n’était pas présent à l’audience de ce vendredi 18 février, mais il confie la gorge serrée « que la condamnation pour abus de confiance est difficile à accepter. Je me suis donné durant toutes ces années pour les enfants malades. Aujourd’hui, ce qui se passe montre que je suis l’homme à abattre ».
Originaire de la région parisienne, il s’est installé à Limoges où il s’est marié et où il a décidé de créer l’association Les Nez Rouges « pour être proche de ses affaires » explique-t-il. Mais très vite, « je me suis rendu compte que les associations locales qui m’assignent aujourd’hui devant le tribunal, n’ont jamais accepté que je me développe sur Limoges » analyse Sébastien Buisson. Il estime ne pas avoir été « entendu à l’audience, et que tous les éléments que mon conseil a fournis n’ont pas été pris en compte, donc j’estime être injustement condamné aujourd’hui ».
Sur la défensive
Quand on lui demande où sont passés les 240.000 euros que le tribunal lui reproche d’avoir détournés, Sébastien Buisson admet à demi-mot : « qu’on me reproche de la négligence dans le fonctionnement de l’association, qu’on m’interdise la gestion d’une structure associative, je peux l’entendre, mais tout cet argent est allé dans les frais de fonctionnement ». L’association comptait jusqu’à 2200 bénévoles, avec des actions un peu partout en France.
« Je n’ai pas volé cet argent, nous sommes une association nationale avec des frais importants et j’ai peut-être eu une gestion pas très rigoureuse, là-dessus oui, mais je ne suis pas un voleur », martèle l’ex-dirigeant associatif. Le 14 janvier dernier, le parquet de Limoges avait requis trois ans de prison, avec mandat de dépôt différé, et 50.000 euros d'amende.
La mère de Sébastien Buisson est également inquiétée dans cette affaire, pour complicité. Elle a également été condamnée à 6 mois de prison avec sursis, sans peine d’amende.
Appel ?
« Mon sentiment, confie son Avocat, Me Frugier, c’est que ça reste une peine lourde. J’attends d’avoir la motivation du tribunal pour savoir si on fait appel ou pas ». Il a dix jours pour faire appel. Sébastien Buisson reste pour l’instant libre. Il explique qu’il se fait suivre psychologiquement, car il se dit victime au quotidien de « harcèlement notamment sur les réseaux sociaux. Ma voiture a été vandalisée récemment ».
Pour rappel en 2013, lorsqu'il crée l'association des Nez Rouges basée à Limoges, il s'attire la sympathie de nombreux bénévoles. L'objectif annoncé étant d'organiser des évènements pour distraire les enfants hospitalisés et même réaliser leurs rêves. L'association a très vite des antennes dans toute la France et jusqu'à 14 salariés. Jusqu'en 2018 elle récolte 460 000 euros et obtient le soutien d'artistes tels que Soprano ou Matt Pokora. Mais les enfants malades ne profiteront jamais de cette somme. Le CHU de Limoges, et l'association très active en Haute-Vienne "ASP 87 les Clowns Doux", alertent la justice à plusieurs reprises. En juillet 2017 des opérations financières atypiques sont détectées sur les comptes de l'association par les services du ministère de l'Economie et des Finances. En juin 2018, Sébastien Buisson est interpellé.