Deux incidents sont survenus sur des sites Seveso en ce début d’août 2022. L’occasion de faire le point sur la situation en Nouvelle-Aquitaine et particulièrement en Haute-Vienne, Corrèze et Creuse.
Deux sites caractérisés Seveso ont été touchés par des incidents en ce début de mois d'août 2022. Huit personnes ont été grièvement blessées mercredi 3 août dans l'explosion d'une poudrerie à Bergerac (Dordogne), un site Seveso classé Seuil haut. Dans la nuit du 3 au 4 août, le site de Safran Landing Systems à Molsheim (Bas-Rhin) a été touché par un incendie. Ces incidents posent la question des risques engendrés par la présence de sites Seveso à proximité des agglomérations.
159 sites SEVESO en Nouvelle-Aquitaine (janvier 2022)
Une distinction est établie entre Seveso seuil haut et seuil bas, selon la quantité et la nature des matières dangereuses présentes sur place. Le risque industriel peut être chronique, lié notamment à une pollution sur le long terme, ou accidentel, avec des conséquences immédiates sur la santé des personnes, les biens et l'environnement.
En Nouvelle-Aquitaine, 159 sites au total sont classés Seveso selon un document de la DREAL en janvier dernier.
78 sont classés seuil haut contre 81 sites répertoriés comme seuil bas. C’est le département de la Gironde qui concentre le plus de sites Seveso seuil haut, avec un total de 17 sites concernés.
Neuf sites Seveso en Limousin
Voici la liste des sites répertoriés par la DREAL :
- CORRÈZE :
- Butagaz, Brive-la-Gaillarde, Seuil bas (Seveso III)
- Nexter Mechanics, Tulle, Seuil bas (Seveso III)
- CREUSE :
Picoty, Guéret, Seuil bas (Seveso III)
- HAUTE-VIENNE :
- EPC France, Saint-Sylvestre, Seuil haut
- Primagaz, Saint Priest Taurion, Seuil haut
- Titanobel, La-Jonchère-Saint-Maurice, Seuil haut
- Eurocup, Saint-Junien, fabrication de pesticides et autres produits agro-chimiques, Seuil bas
- Mazal, Limoges, commerce de gros de produits chimiques, Seuil bas
- Sylvamo France SA (International paper), Saillat-sur-Vienne, fabrication de papier et de carton, Seuil bas
Tous les sites Seveso doivent réaliser une étude de danger. Ce document sert de base aux différents plans de secours et de prévention de l'urbanisation. Néanmoins, les sites Seveso seuil haut et seuil bas n'ont pas les mêmes obligations réglementaires.
Trois sites sont répertoriés Seveso seuil haut en Limousin. Ils doivent élaborer un plan de prévention des risques technologiques (PPRT). L'urbanisation peut ainsi être maîtrisée aux alentours du site. La mise en place d'un plan d'opération interne est également obligatoire.
Un plan de secours externe, aussi appelé Plan particulier d’intervention, prend en charge les conséquences d'éventuels accidents à l'extérieur du site. En Corrèze par exemple, le site de Butagaz a été construit en 1967, dans la zone industrielle de Beauregard à Brive. Les lieux comprennent deux sphères 500 mètres cube propane avec enceinte béton, un poste de déchargement, un poste de déchargement et chargement, ainsi que deux postes de chargement. Le PPI a été approuvé par arrêté préfectoral en 2013.
Ce plan est obligatoire dans les sites Seveso seuil haut. Il résulte d'une collaboration entre la DREAL, la commune, l'exploitant du site, le SDIS, les forces de l'ordre et la préfecture. Il peut également être déployé dans les sites Seveso seuil bas sur décision de la préfecture. C'est le cas par exemple des sites Sylvamo, à Saillat-sur-Vienne ((Haute-Vienne) et Eurocup, à Saint-Junien (Haute-Vienne).
Des contrôles et des exercices réguliers
Le service d’inspection des installations classées de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) effectue de plus des contrôles réguliers pour s'assurer de la sécurité des sites. Et depuis 2015, le public doit avoir accès aux informations leur présentant la nature des dangers et les effets potentiels de ces derniers sur l'environnement.
Les risques sont très différents selon les départements. En Creuse, le risque industriel est très faible "du fait de l'absence d'un secteur industriel important."
En Haute-Vienne, une douzaine de communes sont concernées par un éventuel risque majeur. C'est le cas de trois communes autour du site de Titanobel, Seveso seuil haut, en Haute-Vienne : La-Jonchère-Saint-Maurice, Jabreilles-les-Bordes et Les Billanges. Pour Jean-Marie Horry, maire de La-Jonchère-Saint-Maurice (Haute-Vienne), la présence du fabricant d'explosifs Titanobel "n’a aucune conséquence sur notre commune, hormis une activité économique qui draine une vingtaine d'emplois.(...) Sur la commune, une seule habitation est concernée par des risques éventuels."
Des exercices de sécurité sont organisés tous les trois ans. En mai 2022, c'est le site de EPC France, à Saint-Sylvestre, qui était concerné dans le département de la Haute-Vienne.