Au théâtre, selon un rapport de 2020 du Ministère de la Culture, seulement 1/3 des auteurs vivants, joués sur la scène francophone sont des femmes. Pour remédier à cela, le gouvernement prévoit des mesures concrètes et le festival des francophonies en Limousin prend les devants.
L’édition des francophonies de ce début 2021 intitulée, "Les Zébrures de Printemps" programme plus d’autrices que d’auteurs. Chose rarissime sur la scène nationale française. 5 autrices et 4 auteurs sont présentés. Un choix affirmé par le festival. En effet, les inégalités entre les hommes et les femmes dans le secteur restent importantes, un rapport des Etats généraux des écrivains de théâtre, réalisé en 2017, révèle une sous-représentation des femmes dans ce milieu.
Le problème ne réside pas dans le nombre de femmes qui écrivent mais autour de leur représentation. Elles sont moins jouées, moins récompensées, moins publiées et moins payées que les auteurs.
La représentation des autrices au théâtre en quelques chiffres
Un rapport de mars 2020 du Ministère de la Culture prouve qu’au théâtre, la représentation féminine parmi les artistes programmées demeure préoccupante avec seulement 28 % d'autrices et 29 % parmi les metteuses en scène.
"Les soutiens à l’écriture sont paritairement répartis entre les hommes et les femmes, avec une légère faveur pour les autrices qui obtiennent 57% de ces aides. Mais les chiffres relatifs aux textes des autrices chutent presque de moitié à l’étape de la programmation. Et aucun Molière de l’auteur n’a été décerné à une femme depuis 2010."
La liste des 10 auteurs dramatiques les plus joués en 2016-2017, tous labels confondus, n’est composée que d’hommes.
Dans l’éducation, les chiffres sont éloquents.
Aucune femme de lettres n’est au programme du baccalauréat de 2002 à 2017.
Le rapport explique que si le pourcentage de textes d’autrices dans les manuels de lycée augmente légèrement depuis dix ans, il ne dépasse jamais 15%. Il ajoute que les autrices ne sont que 4% dans les annales des épreuves anticipées de français de 2002 à 2016, 5% dans les programmes de l’agrégation externe de 2009 à 2018.
Renverser la tendance : un enjeu pour le festival des francophonies
Depuis deux ans, Hassane Kassi Kouyaté, directeur du festival s’engage dans une démarche pour soutenir les écrivaines de théâtre.
Pourquoi voir le monde par une seule fenêtre ? Les femmes doivent pouvoir parler du monde, elles parlent de la vie comme les hommes mais elles n’ont pas le même point de vue.
Alors, les francophonies mettent l’accent sur les écritures féminines à travers deux dispositifs : un premier nommé "découverte", dédié aux femmes qui écrivent et qui n’ont pas encore éditées, ni jouées. Les autrices viennent chez nous, pour passer du temps en résidence à Limoges et sont parrainés par des auteurs ou autrices confirmés pour soutenir et légitimer leur travail.
Ensuite, le deuxième dispositif intitulé "terminer un texte" est consacré aux autrices confirmées. Elles viennent ici pour finir d’écrire et une fois leurs textes terminés, ils sont mis à disposition du grand public pendant les zébrures du printemps.
Mais le festival se heurte parfois aux difficultés que rencontrent les femmes dans certains pays raconte Hassane Kassi Kouyaté. "La situation n’est pas la même au Canada que dans certains pays d’Afrique où faire venir une femme en résidence est parfois compliqué. Si elle est mère de famille ou simplement mariée, il faut qu’elle quitte son foyer, ses enfants, pendant un mois, deux mois, et c’est difficile même inimaginable dans certains pays."
"On doit tenir compte de tous ces facteurs pour développer l’écriture féminine. On y arrive parce qu’il y a des femmes qui ne se laissent pas faire et parce-qu’on a des relais dans plusieurs territoires du monde qui nous aide à identifier ces femmes et à organiser le travail avec elles."