Le nombre de personnes surendettées a baissé en Haute-vienne. 22% de moins qu’en 2019. La crise sanitaire les a poussés à plus épargner et ils ont moins dépensé, en frais de transport par exemple, télétravail oblige.
Comme toutes les deux semaines, la commission de surendettement s'est réunie dans les locaux de la Banque de France à Limoges. Représentants de l'État, des banques, des services sociaux et des associations de consommateurs doivent tomber d'accord sur une solution équitable. L'an dernier, la Banque de France a traité 685 dossiers en Haute-Vienne. C'est 22% de moins qu'en 2019. Ces deux années de crise sanitaire ont donc nettement favorisé l'épargne.
Pourquoi ce phénomène de baisse ?
« En 2020, c’est lié à la situation sanitaire bien évidemment, explique Philippe Saigne Vialleix, directeur départemental de la Banque de France. Moins de dépenses des ménages ce qui implique une augmentation globale de l’épargne. Moins de charges, donc le surendettement a baissé. Les contraintes sanitaires ont fait aussi sans doute que les ménages sont moins venus nous voir. On aurait pu craindre une augmentation du surendettement en 2021, mais en fait, on ne l’a pas remarqué. On a reçu quasiment le même nombre de dossier de surendettement, en 2021 qu’en 2020. Ce qui est un peu plus satisfaisant que ce que l’on observe au niveau national. Où il y a une petite augmentation. Mais globalement partout en France, on a moins de dossiers de surendettement, qu’on en avait en 2019. Donc on reste sur cette baisse tendancielle depuis de nombreuses années ».
Est-ce à dire que les français gèrent mieux leur argent ?
« Peut-être que les français gèrent mieux leur argent, il y a eu aussi des évolutions législatives depuis, précise le directeur départemental de la Banque de France. Un meilleur encadrement du crédit et de l’accès au crédit à la consommation. Avec la loi Lagarde notamment qui a mieux encadré les choses, qui a évité que certains ménages se retrouvent dans des situations difficiles. Et puis les évolutions législatives ont aussi été du côté du traitement du surendettement, avec la possibilité d’avoir davantage de solutions définitives qui nous permettent de régler des difficultés des ménages, et d’obtenir un règlement définitif pour leur permettre de repartir sur de nouvelles bases. Et qu’ils n’aient plus de difficultés. On évite de cette manière les dépôts successifs qui alimentaient une partie de la croissance du surendettement que l’on pouvait avoir au tout début de la procédure ».
Des faits marquants dans le département sur l’année écoulée ?
« Pas vraiment, puisque le surendettement est resté stable donc c’est finalement une bonne surprise. On aurait pu craindre que cela augmente, mais cela n’a pas été le cas. On voit une situation qui est globalement favorable. Alors peut-être avec quelques petites démarcations avec les moyennes que l’on observe par ailleurs. On a un peu plus de propriétaires dans le département, mais on s’aperçoit que quand il y a des dettes immobilières, elles sont un peu plus faibles que la moyenne nationale. Finalement, on est dans une situation plutôt favorable dans ce département de la Haute-Vienne ».
Les haut-viennois sont particulièrement bons gestionnaires de leur portefeuille ?
« Probablement, oui. Et puis on doit avoir un tissu économique qui est suffisamment solide de manière à ce que tout un chacun ait la possibilité d’avoir un revenu qui lui permette de faire face à ses charges de la vie courante. » On aurait pu penser que les différentes crises sanitaires allaient impacter fortement le portefeuille des particuliers, en fait on se rend compte que ce n’est pas le cas ».
Comment expliquer que ce ne soit pas une catastrophe ?
« Je crois que l’explication essentielle vient du fait que toutes les mesures ont été mises en place pour faire face à la crise sanitaire pour amortir les effets qu’aurait pu avoir la crise sanitaire sur l’économie. Donc toutes les mesures de chômage partiel par exemple qui ont été instaurées, de soutien aux entreprises, ont fait que l’emploi a été préservé. Que le revenu des ménages a été préservé aussi. Donc la crise sanitaire n’a pas eu les effets désastreux sur le revenu des ménages qu’on aurait pu avoir s’il n’y avait pas eu toutes ces mesures de soutien de l’économie, dont tout le monde bénéficie. Les entreprises, les particuliers. C’est tout un ensemble économique qui a été soutenu, et qui a permis de traverser cette crise sans trop de dégâts d’un point de vue économique. »
Et des dépenses moindres aussi, c’est ça qui a permis une épargne plus importante ?
« les dépenses moindres, le télétravail, avec des économies de frais de déplacement, des économies de garde d’enfants. Moins de consommation pendant le confinement par obligation, sans oublier les confinements successifs. »
Les établissements bancaires font aussi l’effort de ne pas prêter l’argent à n’importe qui et de mieux étudier les dossiers ? « Il y a tout un processus qui a été mis en place de manière législative ou par accord entre les banques et la banque de France pour faciliter l’inclusion financière des ménages qui ont des difficultés. De sorte que maintenant quand on est banquier on peut proposer aux ménages des produits spécifiques qui coûtent moins chers. Qui sont aussi peut-être un peu plus difficiles à mettre en œuvre, mais qui permettent pour les particuliers qui ont des difficultés de réduire le coût d’accès aux services bancaires. Et donc de leur permettre d’avoir une vie qui est un peu plus facile, sans avoir des frais exorbitants à régler et pour lesquels ils n’ont pas les moyens de financer».
C’est quoi le but de cette commission ?
Le surendettement dans chaque département est réglé par une commission de surendettement qui est présidée par la préfète. La commission plénière de ce vendredi qui est la commission annuelle a été présidée par la préfète de la Haute-Vienne. La commission se réunit tous les 15 jours pour statuer sur des dossiers et le travail qui est réalisé par le secrétariat de la commission de surendettement qui est à la banque de France. La commission est composée du Préfet ou de son représentant, qui la préside, d’un représentant de la directrice des Finances publiques, d’un représentant des banquiers, d’un représentant des associations des consommateurs, d’un juriste, d’un expert en économie sociale, et du secrétaire qui est le directeur de la Banque de France. Le but est que toutes les parties prenantes à un dossier soient représentées à la commission pour que les points de vue soient confrontés et qu’on puisse avoir la solution la plus équitable possible, pour chaque dossier.
Pour aider les particuliers à mieux gérer leur argent, un nouveau service a vu le jour dans le département : les points conseils budgets, comme l'UDAF de Limoges visité ce jour-là. Une alternative aux services sociaux ouverts à tous les publics. Ceux qui viennent les voir « sont la plupart du temps, des salariés qui sont à temps partiels ou en précarité d’emploi, explique Valérie Roche, mandataire judiciaire à l’UDAF 87. Ça peut être des demandeurs d’emploi, ou des jeunes retraités qui n’ont pas forcément anticipé le fait de se retrouver à la retraite avec moins de revenus mensuels. Et qui se trouvent parfois en difficulté. Ça peut être aussi des étudiants, qui ont besoin de conseils sur comment établir un budget, comment le faire fonctionner. Comment le comprendre. C’est vraiment tout public ».
Dédramatiser
La mandataire judiciaire ajoute que « ces personnes ne vont pas avoir l’idée de pousser la porte des assistantes sociales, parce que ça va les stigmatiser. Et puis parfois ils ont besoin d’un petit conseil. Donc on est vraiment complémentaires avec les services sociaux ».
Concrètement, « on doit trouver des orientations qui leur sont personnalisées. Des fois ça peut être de contacter avec la personne un créancier, parce qu’il n’arrive pas à trouver de solutions, par rapport à une dette. Ça peut être constituer un dossier de surendettement, à transmettre ensuite à la banque de France. C’est un service complètement gratuit, confidentiel et sur la base du volontariat », rassure-t-elle. La Banque de France lance également ce site Internet : "mesquestionsdargent.fr", un outil supplémentaire pour éviter la case "surendettement".