Ce sport fera son apparition aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Limoges accueille la 2ᵉ édition de l'Open International de squash féminin, du 22 au 26 octobre 2024, au Country Club de Couzeix (Haute-Vienne). À cette occasion, nous avons rencontré deux joueuses de cette discipline : Elise Romba et Enora Villard, toutes les deux dans le top 5 Français. Rencontre avec deux passionnées qui n'ont pas peur de faire face aux difficultés.
Elise Romba, vingt-sept ans, numéro cinq française et Enora Villard, trente et un ans, numéro trois française, sont deux des joueuses d'exceptions qui ont déjà participé à de nombreuses compétitions de squash de haut niveau, en France et ailleurs dans le monde.
Le squash s'est développé, ces dernières années, mais moins que certaines disciplines, ce qui peut parfois rendre le parcours de ces athlètes laborieux. Car il est aujourd'hui difficile de vivre de leur passion.
Les images de la compétition internationale à Couzeix :
France 3 Limousin : Comment s'est passé le tournoi pour vous ?
Elise Romba : Nous avons toutes les deux été éliminées, ce qui est frustrant, surtout quand on joue devant un public français, c'est toujours mieux de gagner. Mais l'organisation était très bien. Il y a eu pas mal de monde. La première fois, il y avait eu 6 000 $ de prize money (NDLR : C'est le gain qu'empochent les joueurs et les joueuses en fonction de leurs résultats dans les tournois auxquels ils participent). Cette année, ça a doublé. Il y a eu du monde, les gradins sont remplis, ce n'est pas le cas partout.
Enora Villard : C'est vraiment sympa de jouer devant un public français, mais ça met la pression.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du squash ?
ER : Ce n'était pas vraiment une envie. C'est arrivé à un moment où je ne faisais plus de sport. Mes parents sont eux très sportifs. Ils cherchaient une joueuse dans mon club et j'ai commencé à jouer comme ça, quand j'avais dix ans. L'engrenage s'est lancé.
EV : Moi, mon père y jouait déjà, puis j'ai essayé. J'avais le même âge. Je m'y suis mise et j'ai bien aimé. Mon père a été mon entraîneur pendant dix ans, c'est de famille.
Le squash fera son entrée au prochain JO, remarquez-vous un sursaut d'intérêt pour cette discipline ?
EV : C'est difficile de savoir. La covid a mis un gros coup de frein au squash. Beaucoup de structures ont dû fermer. D'autres sports ont pris de l'ampleur comme le paddle. Aucune structure qui fait uniquement du squash n'est rentable. Mais, le fait que le sport entre au JO pourra le populariser. Aujourd'hui, il y a encore beaucoup de gens qui nous demandent ce qu'est le squash. Mais il s'est popularisé. Avant, il était perçu comme un sport d'entreprise, pas très accessible.
ER : On l'a vu pendant ces JO, quand des médailles sont gagnées dans un sport, ça augmente sa visibilité. Peut-être que ce sera le cas pour les prochains Jeux.
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Est-ce qu'on peut vivre de ce sport ?
ER : Si je ne compte que mes prize money lors des tournois, je n'en vis pas. Il faut un truc à côté pour subvenir à ses besoins. Je travaillais avant et maintenant, je donne des cours de squash en parallèle des compétitions et des entraînements.
EV : On sait qu'on ne va pas gagner beaucoup d'argent. Beaucoup de joueuses pensent d'abord à leurs études, assurent leurs arrières, avant de se lancer à 100% dans ce sport. Mais, le gouvernement a mis en place une formation pour les athlètes de haut niveau pour leur permettre, pendant un an, d'être formé pour devenir entraîneur et être rémunéré.
ER : Quand les choses deviendront vraiment difficiles, peut-être qu'à ce moment-là, on décidera de faire autres chose.
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La France est-elle en retard sur le développement de cette discipline ?
EV : Dans le classement mondial, la France doit être entre la vingt-cinquième et la trentième place. Et, l'Égypte domine les classements. Ça fait des années que c'est elle qui gagne. Là-bas, c'est un sport pro, ce n'est pas pour le loisir. Les familles vont facilement pousser pour que leur enfant se lance dans cette voie, quitte à laisser les études un peu de côté. Ce qui n'est pas forcément le cas en France. C'est juste que le système est différent.
ER : C'est quelque chose de culturel, ce qui fait qu'il y a plus de structures, plus de moyens, plus de coach. Il y a tellement de champions là-bas : le sport pourra prendre une place plus importe que les études.
Est-il difficile de pratiquer un sport peu connu à un si haut niveau ?
ER : C'est beaucoup d'adaptation. J'ai fait le choix de vivre à Dunkerque, car j'ai préféré à ce moment de ma vie, mettre en avant mon côté vie personnelle. Ça implique pas mal de changements. Je m'entraîne seule, mon entraîneur est à Toulon. Je dois le voir chaque semaine.
EV : Après ça rejoint aussi les autres sports pratiqués à haut niveau. Il est toujours difficile de trouver l'équilibre vie personnelle, vie professionnelle. C'est une charge émotionnelle importante. On a des moments inoubliables et ça fait du bien d'entendre, de la part d'autres personnes extérieures à ce milieu, que ce qu'on fait est incroyable. On ne s'en rend pas compte quand on est dans la machine.