Le titre-restaurant papier... S'il est un avantage pour les consommateurs, il représente aujourd'hui un manque à gagner pour les restaurateurs. Depuis début mars, avec la suppression de la Centrale de règlement des titres, les professionnels sont de plus en plus nombreux à refuser ce moyen de paiement. Explications.
Cela vous est peut-être arrivé récemment : au moment de payer l’addition, avec un titre restaurant papier (Ticket restaurant, Chèque de table, Chèque déjeuner, etc.), ce dernier vous a été refusé. En effet, les établissements sont de plus en plus nombreux à ne plus accepter ces modes de paiement, y compris en Limousin.
Car depuis plusieurs semaines, traiter les tickets-restaurant au format papier est devenu un véritable parcours du combattant pour les commerçants, notamment les restaurateurs.
Ce changement est dû à la fermeture de la Centrale de règlement des titres (CRT), le 28 février 2023, faute de titre-restaurant à traiter. Celle-ci centralisait la gestion des tickets-restaurant des quatre émetteurs historiques (Edenred, Sodexo Pass France, Up et Natixis Intertitres). Les professionnels n’avaient qu’à trier ces quatre types de tickets au préalable, et les déposer dans l'un des 8 000 points de collecte partout en France (METRO, Promocash, etc.). Leur remboursement était directement assuré par la CRT qui traitait en moyenne 2,8 millions de titres chaque jour.
La fin de la CRT
Avec la fin de la CRT, il n’est désormais plus possible de déposer ses titres chez les grossistes, qui jouaient le rôle clé de centre de dépôt.
Avant, pour déposer les tickets-restaurant papier, c'était simple, aujourd'hui, il faut quasiment un transporteur de fonds quand on veut déposer 3 000 euros, cela engendre beaucoup trop de frais.
Jean-Luc Viginiat, président UMIH 19
« Auparavant, on pouvait les déposer dans certains points, mais aujourd’hui, avec un taux de commission aussi élevé et malgré les négociations de l’UMIH pour l’amoindrir, le coût de l’envoi reste conséquent pour les professionnels », confie Alain Guillout, président de l’UMIH 87.
« Quand vous n’avez qu’un ticket-restaurant de 6 euros à envoyer avec un taux de commission de 4 ou 5 %, cela est intenable ».
En effet, récemment, une adresse unique d’envoi a été mise en place, mais ces démarches doivent nécessairement passer par une lettre recommandée ou Chronopost. Ces envois contiennent parfois des milliers d’euros de tickets-restaurant papier et, donc, sont particulièrement sécurisés. Toute une démarche désormais à la charge du professionnel et des commissions fixées de manière évolutive.
« Les retours sont catastrophiques. Notre département n’échappe pas à la règle, l’ensemble des restaurateurs ont du mal à prendre les tickets-restaurant, ce qui est regrettable. C’est un vrai manque à gagner pour nous », confie le président de l’UMIH de la Haute-Vienne qui craint que les clients ne se dirigent vers d’autres établissements.
"Cela ne m'inquiète pas pour les gros qui font 3 000 euros de tickets-restaurant par jour, mais pour les établissements qui ne font que 300 ou 400 titres par jour, à la fin du mois, ça risque de faire cher.", confie Jean-Luc Viginiat, président UMIH de la Corrèze.
Conséquence, les professionnels de la restauration craignent que leur clientèle ne se dirige vers d'autres établissements comme des chaînes de fast-food ou des grandes surfaces commerciales, qui acceptent encore les titres de restauration, version papier.
Contactés, les restaurants limougeauds sont toutefois encore nombreux à maintenir ce système de paiement malgré l’ampleur des démarches administratives. « Nous n’allons pas refuser des moyens de paiement, il faut que l’on s’adapte. Après, il faudra aussi voir en termes de frais où cela nous mène », confie une restauratrice de Limoges.
Vers la fin des tickets restaurants ?
Pour l'heure, l'arrêt total de la distribution des titres-restaurant, version papier, est donc loin d'être actée.
Mais en parallèle, un autre mouvement s'accélère : la bascule vers le 100 % dématérialisé. Son fonctionnement ? Le budget ticket-restaurant est versé sur une carte ou application, utilisable sur le même principe qu'une carte bancaire.
Une solution plus viable pour les restaurateurs qui peuvent toucher l'argent immédiatement alors qu'ils devaient attendre jusqu'à 21 jours pour toucher la somme lorsque leur dossier était géré par la CRT.
Côté clientèle, en revanche, cette carte présente quelques limites : celle-ci est plafonnée à 25 euros par jour et ne peut pas être utilisée le dimanche (sauf dérogation de l'employeur). Comme pour la version papier, la carte ou l'application ticket-restaurant peut être dépensée dans un restaurant, dans un supermarché (plats cuisinés, sandwichs ou produits à décongeler, etc.), ou des fruits et légumes chez les primeurs agréés.