La gérante d’un salon de massage situé au 51 rue Montmailler à Limoges a été interpellée mercredi 1er décembre 2021 et placée en garde à vue. Cette arrestation a eu lieu dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau de salons de massage exploitant des travailleuses du sexe d’origine asiatique.
Une femme d’une cinquantaine d’année, gérante d’un salon de massage, situé au 51 rue Montmailler à Limoges, a été interpellée mercredi 1er décembre 2021 et placée en garde à vue par la police judiciaire. Une arrestation qui a eu lieu dans le cadre d’une enquête menée par la PJ de Limoges en collaboration avec l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains sous l'égide de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux.
Cette femme, une Chinoise en situation régulière sur le territoire, est soupçonnée d’être impliquée dans un vaste réseau de salons de massage exploitant des travailleuses du sexe d'origine asiatique. Son établissement est le point de départ d'une enquête qui a conduit au démantèlement d’un réseau de proxénétisme ancré dans le centre de la France. Un réseau composé de salons de massage démantelé depuis juin 2021 à Troyes, Tours, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Saint-Jean-de-Braye (Loiret).
Un couple établi à Orléans à la tête du réseau
Comme l’explique Anthony De Freitas, commissaire divisionnaire et directeur territorial de la police judiciaire de Limoges, le salon limougeaud est le point de départ de l'enquête qui a débuté en septembre 2020 sur la base d'un renseignement recueilli par la PJ. Des investigations suivent alors. Elles permettent de révéler une activité de prostitution au-delà du salon limougeaud.
La PJ de Limoges sollicite alors l’aide de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains qui appuie le dossier. De son côté le parquet de Limoges sollicite la saisine de la JIRS de Bordeaux.
Le 5 juin 2021, quatre personnes sont arrêtées, dont un couple domicilié dans la région d'Orléans et soupçonné d'être à la tête du réseau. Le couple est composé d’une Chinoise de 49 ans, très introduite dans la communauté et ayant déjà travaillé dans des salons, et d'un Français, cadre bancaire de 60 ans, très bien établi dans la région d’Orléans. Tous deux sont inconnus des services de police, "loin des activités de prostitution", souligne le commissaire et directeur de la police judiciaire de Limoges.
"On soupçonne cet homme et sa femme de s’être petit à petit lancé dans cette activité par les contacts de cette dernière, explique Anthony De Freitas. Il y a une demande, une vraie clientèle derrière ces salons. Petit à petit ils ont été amenés à développer cette activité en acquérant plusieurs salons. En recrutant essentiellement dans la communauté chinoise des personnes pour les gérer à leur place ou en employant des jeunes femmes en qualité de masseuses et qui, derrière, étaient employées en qualité de prostituées."
Parmi les interpellés le 5 juin dernier, figurent aussi un Parisien de 60 ans, utilisé comme prête-nom pour les démarches administratives, et un webmaster de 60 ans soupçonné d'organiser le recrutement de nouvelles victimes sur les réseaux chinois.
Ces quatre personnes ont été mises en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre des faits de proxénétisme. Le couple et le Parisien ont été placés sous contrôle judiciaire et le webmaster, déjà incarcéré pour des faits identiques lorsqu'il a été entendu, est resté en détention.
Le salon de Limoges a, quant à lui, était traité dans un second temps.
A notre sens il a une place particulière. Il est à l’origine du dossier. Au cours de l’année 2021 on comprend que ce salon change de mains et que des personnes qui, jusqu’à présent, étaient employées en qualité de salariées et de prostituées, vont prendre leur indépendance et une femme va reprendre la gestion du salon et reprendre l’activité. Ce qui fait que quand on a interpellé au mois de juin, ce salon n’était pas dans l’escarcelle du couple.
Anthony De Freitascommissaire divisionnaire et directeur territorial de la police judiciaire de Limoges
Une vingtaine de victimes
"Une vingtaine de filles", des Asiatiques de 25 à presque 50 ans, font partie des victimes, indique Anthony De Freitas. Aucune d'entre elles n'a souhaité déposer plainte, souligne-t-il ajoutant : "Il n'y avait ni contrainte, ni violence exercée."
Hébergées de manière rudimentaire, pratiquant les massages "avec finition" ou avec fellation, pour 30 à 50 euros, les victimes auraient rapporté au couple plusieurs centaines de milliers d'euros en un an.
"L'activité était très rémunératrice et assez facile à mettre en place", a indiqué le patron de la PJ de Limoges, précisant que le couple, qui venait récupérer les enveloppes d'argent dans les salons et faisait tourner les filles dans les différentes villes, prévoyait d'ouvrir d'autres établissements. Quelque 60.000 euros en liquide et 250.000 euros sur des comptes bancaires et assurances vie ont été saisis lors de perquisitions.
Les clients étaient recrutés par petites annonces dans les journaux ou de simples "massages" étaient proposés, par internet ou par bouche-à-oreille.
De leur côté, les clients risquent, eux, une peine d’amende, selon le commissaire. "Les clients ont, pour le moment, été entendus et pourront faire l’objet de poursuites pour des peines d’amendes traités localement."
La gérante de l'établissement de Limoges, placée en garde à vue, sera prochainement convoquée par le juge d’instruction.