Une minute de silence a été respectée ce vendredi après-midi, le 14 janvier, devant le hall d'entrée du CHU de Limoges. Environ 80 soignants et personnels administratifs dénoncent la mort annoncée de l'hôpital public. Une opération organisée chaque vendredi en début d'après-midi. Les usagers sont appelés à participer.
Cette action est apolitique. Elle a été lancée en Alsace puis relayée dans de nombreux hôpitaux français, une cinquantaine, dont celui de Limoges mais aussi Caen, La Rochelle, Rennes ...
14 heures, silence total devant l'entrée du CHU de Limoges. Environ 80 personnes sont rassemblées. Des soignants mais aussi des personnels administratifs, des gens qui travaillent dans les bureaux. Tous ont respecté une minute de silence avant de reprendre très rapidement leur poste. Tous s'inquiètent et dénoncent "la mort annoncée de l'hôpital public".
Pour Arnaud Jaccard, chef du service hématologie du CHU de Limoges, "cette situation catastrophique à l'hôpital n'est pas nouvelle".
Avant il y avait 60 lits dans le service rhumatologie. Aujourd'hui, il y en a 12. Il y a deux ans, beaucoup de chefs de service ont démissionné, la situation est catastrophique"
Arnaud Jaccard, chef du service hématologie du CHU de Limoges
En clair, l'hôpital public était menacé bien avant la crise du Covid-19. Cette pandémie est en train de le mettre à genoux. "Il y a 10 jours" ajoute le docteur Jaccard "il y avait 90 malades aux Urgences de Limoges, seulement 3 lits étaient disponibles. Une dame âgée atteinte d'une pneumopathie est arrivée le 31 décembre. Elle a attendu jusqu'au 3 janvier pour être prise en charge".
Cette réalité semble être quotidienne dans tous les hôpitaux français y compris à Limoges. L'idée de cette minute de silence chaque vendredi après-midi est d'attirer encore une fois l'attention sur les grandes difficultés de l'hôpital public à l'approche de l'élection présidentielle. Tous les personnels attendent des solutions concrètes et pérennes.
Pour Sylvain Palat, médecin au service de médecine interne du CHU de Limoges, "il y a de la frustration, de la colère, de l'incompréhension".
On a l'impression de s'être fait floué par le Ségur de la santé. On a tous eu une augmentation de nos salaires mais cela n'arrange pas la situation de l'hôpital"
Sylvain Palat, médecin en médecine interne au CHU de Limoges
L'hôpital public est-il arrivé au bout d'un système ? C'est la question que pose le docteur Sylvain Valat. "Mon impression c'est que l'organisation de la gouvernance de l'hôpital en France est verticale. Le directeur n'est qu'une courroie de transmission. Les objectifs sont fixés par le gouvernement et l'Agence Régionale de Santé. Cette gouvernance est arrivée au bout".
Il faut se recentrer sur l'intérêt du malade, non plus sur le taux d'occupation des lits et encore moins sur la tarification du travail. Le juste soin au juste prix !
Sylvain Palat, médecin en médecine interne au CHU de Limoges
Cette action du collectif inter-hôpitaux, cette minute de silence, a vocation à être reconduite chaque vendredi à 14 heures devant le CHU de Limoges notamment. Le collectif espère que les participants seront de plus en plus nombreux avec la participation d'usagers de l'hôpital.
Martial Codet Boisse avec Angélique Martinez