Nomination de François Bayrou : François Hollande dans une démarche de "non-censure" sous conditions

Neuf jours après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le président du Modem François Bayrou a été nommé premier ministre par Emmanuel Macron à la mi-journée, ce vendredi 13 décembre. Réactions de nos députés du Limousin.

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François Bayrou succède donc à Michel Barnier à la tête du gouvernement. La nomination du président du Modem par Emmanuel Macron a eu lieu à la mi-journée ce vendredi. La passation de pouvoir, initialement prévue en fin de matinée, s'est, in fine, déroulée à 17 heures cet après-midi. 

La première mission du nouveau premier ministre sera de réussir à négocier un pacte de non-censure avec les forces politiques en présence à l'Assemblée nationale. Des députés aux avis forcément divergents comme le montre les réactions de nos élus du Limousin.

Pour le PS, non-censure, à condition...

Pour le PS, qui vient d'exiger de François Bayrou de ne pas utiliser le 49.3, il n'y aura pas de censure, tout du moins immédiate, comme l'a précisé l'ancien président de la République et député PS de la 1ʳᵉ circonscription de Corrèze, François Hollande :

Pour ce qui concerne la gauche, les socialistes, je pense qu'ils seront dans cette démarche de non censure à condition qu'il y ait des garanties et des progrès.

François Hollande, député 1ère circonscription de Corrèze

Et François Hollande d'affirmer une "volonté d'assurer la stabilité" tout en assurant que le PS ne participera en aucun cas au gouvernement Bayrou : "Travailler veut dire négocier, discuter, ne veut pas dire participer."

Une position partagée par le député PS de la 2ᵉ circonscription de Haute-Vienne, Stéphane Delautrette qui se dit déçu par le choix de François Bayrou comme premier ministre. "C'est une mauvaise surprise, soupire Stéphane Delautrette. Ma réaction, c'est de la déception, par ce que je crois qu'une fois de plus, le président de la République n'a pas compris, n'a pas voulu entendre ce qui s'était passé et reproduit ce qu'il a reproduit il y a trois mois de cela en nommant Michel Barnier où il n'avait pas voulu prendre en compte le vote des Français au moment des dernières législatives."

Stéphane Delautrette qui souhaite urgemment que "le Premier ministre rencontre les chefs des partis républicains et tous les partis, pour pouvoir aborder sa méthode à utiliser à l'Assemblée nationale."

"On continue le déni démocratique"

Pour le député LFI de la 1ʳᵉ première circonscription de Haute-Vienne, Emmanuel Macron poursuit son "déni démocratique" suite aux résultats des dernières élections législatives.

Michel Barnier représente, avec les LR, 6% aux dernières législatives. François Bayrou et son groupe font 6% à l'Assemblée nationale. 6%, apparemment, c'est suffisant pour gouverner. C'est complètement dingue ! Cette situation aurait lieu dans un pays du sud, on crierait au scandale démocratique !

Damien Maudet, député 1ère circonscription de Haute-Vienne

Le député LFI annonce, en outre, que son parti déposera une motion de censure contre ce nouveau gouvernement. Un avis partagé par Manon Meunier. La députée LFI de la troisième circonscription de Haute-Vienne pointe du doigt le comportement politique du président de la République :

"Emmanuel Macron décrédibilise de plus en plus la parole présidentielle, qui ne suit pas du tout le premier sens de la Constitution, à savoir, nommer un premier ministre issu des rangs du premier groupe de l'Assemblée, donc le Nouveau Front populaire, martèle Manon Meunier. Nous irons vers une censure de principe pour rappeler ces éléments fondamentaux de la démocratie."

"Je préfère Bayrou que quelqu'un de gauche..."

La députée LR de la deuxième circonscription de Corrèze, Frédérique Meunier se déclare stoïque face à la nomination de François Bayrou et attend de voir la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre.

 

 Peu importe le bonhomme, ce qui compte, c'est quel programme il va vouloir mettre en place et ce qu'il va nous proposer. Je préfère que ce soit Bayrou que quelqu’un de gauche. Même si j’ai parfois du mal à comprendre la position du Modem dans les votes qui ont lieu à l’Assemblée nationale, ils ont parfois un comportement surprenant. Je ne suis ni enthousiaste, ni dépitée.

Frédérique Meunier, députée LR de la 2e circonscription de Corrèze

Frédérique Meunier se dit "dubitative" et craint que, dans le contexte actuel, François Bayrou ne doive s'adonner à un "numéro d'équilibriste".

Pas de censure, "à priori", pour l'extrême droite

Sans surprise, le député UDR de la 1ʳᵉ circonscription de Creuse, Bartolomé Lenoir, se cale sur la position du Rassemblement National : "pas de censure, à priori" a déclaré Jordan Bardella à l'Assemblée nationale. Une déclaration pondérée par Marine Le Pen qui "n'exclut pas cette option".

On ne censure pas un visage, on censure un projet. Le projet du précédent gouvernement s'inscrivait dans le macronisme. Nous allons voir si François Bayrou a la capacité d'écouter les onze millions d'électeurs qui ont voté pour nous. 

Bartolomé Lenoir, député UDR de la 1ère circonscription de Creuse

Bartolomé Lenoir qui souhaite, en outre, que François Bayrou institue "un rapport de force pour ne pas accepter le Mercosur."

La marge de manœuvre semble étroite pour le nouveau premier ministre. François Bayrou qui a annoncé ce vendredi qu'il "n'ignore rien de l'Himalaya politique qui se dresse devant nous".

Récit avec Philippe Mallet, Julie Radenac et Rémi Carton.

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