Pendant longtemps, les chasseurs de serpents sévissaient librement sur tout le territoire, capturant et tuant les vipères pour envoyer leur venin aux laboratoires. Une pratique aujourd'hui révolue, un pan d'Histoire relaté grâce aux cartes postales de la photothèque de Paul Colmar.
Mais pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?, semble susurrer M. Jourdy au costume en peau de reptile. L'homme se produisait sur les foires, dans les écoles, il faisait partie d'une bien étrange confrérie.
Tout comme Fernand Tarier, en Creuse, à Saint-Sulpice-les-Champs, intrépide, quatre fois mordu. Les chasseurs de serpents opéraient partout où les reptiles étaient présents. La population de nos campagnes considérait alors les vipères comme des nuisibles et ne s'émouvait guère de cette chasse. En juillet 1904, à Linards, en Haute-Vienne, cinq personnes furent mordues, l'une d'entre elles décéda.
Du venin pour les pharmaciens
Ces drôles de chasseurs attrapaient les vipères au poing, les revendaient aux pharmaciens afin qu'ils concoctent de l'anti-venin. Apothicaire à Limoges, Michel Legros mit au point un remède et commercialisa sa trousse : application de caustiques, gouttes d'ammoniaque, de potions toniques ou alcooliques, devaient venir à bout de la vipère commune ou aspic.
Un serpent à protéger
Un serpent mal aimé, traqué, capturé, maltraité. Le Limousin abrite six espèces de couleuvres et deux types de vipères. Ces précieux auxiliaires de nos jardins sont aujourd'hui menacés.
Le 11 février 2021, un arrêté a été promulgué pour tenter d'enrayer la baisse des reptiles dans l'Hexagone. Il est interdit de manipuler, maltraiter, capturer ou tuer un serpent. La peine encourue peut aller jusqu'à 150 000 euros d'amende et deux ans de prison. Rappelons, en outre, que le serpent est responsable de moins d'un décès par an en France, contre plusieurs dizaines pour les abeilles, guêpes et frelons.