Dans le JDD, la veuve de Georges Wolinski et plusieurs dessinateurs ont enjoint le président de la République à finaliser la création d'une Maison européenne du dessin de presse. Les auteurs ont pris parti pour le projet parisien, en concurrence avec celui du centre de Saint-Just-le-Martel.
Dans une tribune publiée ce dimanche 5 septembre dans le JDD, Maryse Wolinksi, veuve de l'auteur Georges Wolinski, et les dessinateurs Chappatte, Coco, Gorce, Juin, Kak et Riss ont enjoint le président de la République à mettre en œuvre la création de la Maison européenne du dessin de presse.
"Monsieur le Président, défendez la caricature"
Un projet pour lequel Emmanuel Macron s'était engagé en 2020, lors de ses voeux à la presse.
Cette structure aurait pour mission de "défendre [le dessin de presse], le diffuser, le rendre accessible à tous", et "d'accompagner les dessinateurs, ne pas laisser seuls les professeurs et les associations".
Cette tribune ne devrait pas manquer de faire réagir du côté de Saint Just-le-Martel, en Haute-Vienne : cette commune de 2700 habitants héberge ainsi depuis 2011 l’Espace Loup, un centre permanent dédié au dessin de presse et satirique, dont Cabu avait d'ailleurs posé la première pierre.
Maryse Wolinski avait quant à elle fait don du contenu du bureau de son mari assassiné au centre, au sein duquel il est désormais exposé.
Le Centre de Saint-Just-le-Martel, un espace reconnu
Depuis 40 ans, Saint-Just-le-Martel accueille le Salon international du dessin de presse, un événement reconnu et qui attire chaque année plusieurs milliers de personnes.
Cabu et Wolinski y ont participé à plusieurs reprises au cours des années précédentes.
Aussi, l'annonce faite en 2020 par Franck Riester, alors ministre de la culture, de la création prochaine en France d'une "maison du dessin de presse et satirique" avait suscité colère et incompréhension à Saint-Just, les responsables du centre estimant avoir été oubliés par le gouvernement.
"Nous sommes reconnus dans le monde entier mais apparemment, à Paris, on ne nous connaissait pas", déplorait alors le Président du salon, Philippe Henry.
Un sentiment partagé par Guy Hennequin, co-président du salon de Saint-Just-le-Martel : "Nous ne comprenons pas très bien qu’un ministre lance une telle idée sans savoir que nous existons déjà, déclarait-il dans les colonnes du Populaire du Centre. Visiblement, M. Franck Riester ne nous connaît pas."
Pour désarmorcer la grogne, Franck Riester, avait confié au président du centre national du livre une mission de réflexion, et trois projets portés par les villes de Strasbourg, Paris et Saint-Just ont été présentés.
Une tribune engagée pour le projet parisien
Or, dans la tribune publiée dans le Journal du Dimanche, ses auteurs prennent parti pour le projet parisien, en concurrence avec ceux portés par Strasbourg et Saint-Just-le-Martel.
Assurant que la Région Ile-de-France serait "très déterminée" pour soutenir financièrement ce projet, les signataires expliquent que le maire du 6e arrondissement de Paris, "fortement impliqué", mettrait à la disposition du projet un lieu situé entre l'Ecole des beaux-arts et l'Académie des beaux-arts.
"Quant à la Ville de Paris, elle s'est dite prête à l'accueillir", assurent les auteurs, pour lesquels il ne manquerait plus que l'engagement de l'Etat, "qui ne serait autre que le respect de la parole donnée."
Du côté de Saint-Just-le Martel, on assure ne pas disposer de plus d'informations quant au devenir du projet. En février dernier, une délégation du ministère de la culture s'était rendue sur place pour étudier la candidature de Saint-Just-le-Martel.
Mais depuis, pas d'évolution, selon Joël Garestier, le maire de la commune.
Pour lui, ce projet possède une portée symbolique : "ce n'est pas tout de s'engager avec des paroles contre la fracture des territoires et la fracture culturelle, mais il faut également des actes."