Mardi 7 février, une nouvelle journée d’action est prévue pour dénoncer le projet de réforme des retraites. Une réforme qui, selon certains, pénaliserait davantage les femmes que les hommes. Nous avons recueilli leurs avis dans un tiers lieu de Saint-Léonard-de-Noblat où les femmes étaient très actives en ce samedi matin.
Si vous reportez l’âge légal à 64 ans, évidement, elles sont un peu pénalisées.
Franck Riesterministre chargé des Relations avec le Parlement
Voici la petite phrase qui a lancé le débat. Même si, depuis, les membres du gouvernement - Elisabeth Borne en tête - tentent de faire taire la polémique, la question est sur toutes les lèvres : les femmes seront-elles les premières perdantes de la réforme des retraites ?
À l'espace collaboratif L'Escalier, ce samedi matin, les femmes, justement, sont très actives. Au programme : un atelier de réparation d'objets. Elles ne sont pas les dernières à mettre la main à la pâte.
Sylvie Cochain est retraitée et bénévole dans ce tiers-lieu. Cette ancienne institutrice est partie à la retraite en 2017, à l'âge de 57 ans... Une autre époque...
"J'avais commencé à travailler à 19 ans. Dès que j'ai pu, je suis partie, j'étais très fatiguée physiquement, j'avais les disques écrasés, une hernie discale. Je ne pourrais pas envisager de travailler jusqu'à 64 ans !", affirme celle qui a fini sa carrière en maternelle, où "le centre de gravité est assez bas"...
Les plus jeunes ne sont pas indifférentes à ce projet de réforme. Manon, 20 ans, est agente d'accueil à L'Escalier. "Moi, j'ai commencé à travailler à 18 ans, je ne me vois pas travailler jusqu'à 64 ans ! Même en étant au bureau, c'est tout aussi fatigant !", lâche la jeune femme.
Du haut de ses 17 ans, Maëlle, en service civique dans le tiers lieu, partage cet avis. Et la jeune fille prend l’exemple de sa mère, 48 ans, trois enfants. "Elle est cuisinière dans une école, elle fait le ménage, elle sert les enfants. Elle fait plus de 300 repas par jour, elle porte toutes les charges... Elle dit qu'elle ne pourra pas travailler jusqu'à 64 ans en portant les mêmes charges, et en faisant toutes ces heures..."
Quels points de la réforme désavantagent les femmes ?
Aujourd’hui, un certain nombre de femmes partent à la retraite de manière anticipée, parce qu’elles bénéficient de majorations de la durée de cotisations au titre de la maternité (4 trimestres par enfant).
En les ajoutant à leur durée cotisée, certaines d’entre elles peuvent prendre leur retraite dès 62 ans. Mais avec la réforme, elles devront attendre 64 ans, alors même qu'elles auront acquis le nombre de trimestres suffisants.
Par ailleurs, l’âge d’annulation de la décote reste inchangé : 67 ans. Or, en raison de leurs carrières plus hachées, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler jusqu’à 67 ans.
L’étude d’impact du gouvernement, que les parlementaires ont actuellement entre les mains, l'établit noir sur blanc : avec la réforme, les femmes partiront demain à la retraite en moyenne sept mois plus tard, contre cinq pour les hommes. Et cet écart ira en s’accentuant. Pour les femmes nées dans les années 1980, ce sera huit mois plus tard, contre quatre pour les hommes.
Pour toutes ces raisons, les femmes seront donc certainement, une fois encore, nombreuses à battre le pavé mardi prochain, lors de la 3e journée d'action contre le projet de réformes des retraites.