Après un printemps et un été historiquement secs, où en sont les ressources en eau du Limousin en ce début septembre 2022 ? L’eau potable peut-elle venir à manquer ? Comment devons-nous adapter nos usages (agricoles, individuels...) face à ce changement inéluctable? Dimanche en Politique ouvre le débat
Elle n’est plus exceptionnelle et devient même récurrente depuis plusieurs années, la sécheresse sévit à nouveau en Limousin en 2022. Ce phénomène directement lié au dérèglement climatique et à l’activité humaine nous concerne tous : agriculteurs, entreprises, particuliers, comment préserver nos ressources en eau ? C’est le thème de notre émission Dimanche en Politique du 11 septembre 2022.
Annaïck Demars reçoit :
- Antoine Gatet, de l’association Sources et Rivières du Limousin qui siège également au Conseil National de l’Eau
- Stéphane Loriot, directeur de l'Établissement Public Territorial du Bassin de la Vienne
- Joël Bialoux, agriculteur (élu FDSEA) et membre du comité sécheresse de la Creuse
- Bernard Drobenko, juriste spécialisé dans le droit de l’eau, ancien candidat EELV aux élections municipales à Limoges
Morceaux choisis
En Limousin, terre d’élevage, on voit que ces 40 dernières années, on a drainé des fonds de vallée de manière significative avec des subventions publiques. L’eau ne s’écoule plus naturellement et cela limite la retenue d’eau par les éco-systèmes
Bernard Drobenko, juriste de l'eau
Bernard Drobenko :
« Il n’y a pas une mais des agricultures : il y a l’agriculture dite productiviste, comme dans la Beauce, ou l’élevage intensif et puis il y a l’agriculture biologique, l’agro-biologie et ce sont des voies qui intègrent ces préoccupations-là. En Limousin, terre d’élevage, on voit que ces 40 dernières années, on a drainé des fonds de vallée de manière significative avec des subventions publiques. L’eau ne s’écoule plus naturellement et cela limite la retenue d’eau par les éco-systèmes »
A ce jour, 45% des cours d’eau sur le bassin de la Vienne sont sans écoulement ou à sec, une situation grave et inédite
Stéphane Loriot, directeur de l'établissement public du Bassin de la Vienne
Stéphane Loriot :« Il faut travailler sur la répartition des volumes entre les différents usagers, il faut répartir les volumes d’eau en fonction des besoins de chacun et de la capacité du milieu pour prévenir les conflits car on s’oriente tout droit vers des tensions de plus en plus vives entre les consommateurs d’eau »
Il faudra quelques retenues d'eau supplémentaires de façon concertée, même si ce n’est pas la seule solution.
Joël Bialoux, agriculteur (FDSEA) et membre du comité sécheresse de la Creuse
Joël Bialoux : « Je pense malgré tout qu’on aura besoin d’en créer quelques-unes [retenues d'eau] dans certains endroits où on va vraiment manquer d’eau, mais quand on va créer une retenue aujourd’hui, ce qu’il faut faire, c’est penser à l’aspect multi-fonctionnalités de l’ouvrage : le faire aux normes, en lien avec l’administration, avec certaines environnementalistes, pourquoi pas ? Qu’elle ait un accès pompiers, par exemple. Il faut le faire de façon concertée, collective et qu’elle ne serve pas à un seul agriculteur mais à plusieurs. Il faudra quelques retenues supplémentaires même si ce n’est pas la seule solution. »
La nature sait très bien faire la gestion de son stock d’hiver par rapport à son stock d’été et le secret, c’est ça : désartificialiser les milieux.
Antoine Gatet, association Sources et Rivières du Limousin
Antoine Gatet : "On peut travailler sur les consommations mais ce sur quoi il faut travailler aussi c’est sur le milieu en général. Quand j’entends parler de "on va faire des réserves de 300 000 m3", des choses comme ça, si on travaille sur la capacité des sols et des zones humides à récupérer et à conserver l’eau, on n’est pas en centaines de milliers de m3, on est en millions de m3, c’est vraiment des quantités très importantes ! La nature sait très bien faire la gestion de son stock d’hiver par rapport à son stock d’été et le secret, c’est ça : désartificialiser les milieux. Quand je vois les photos de maïs, ce sont des plantes catastrophiques, peu importe qu’on les arrose ou pas l’été, c’est des plantes qui détruisent les sols, qui produisent des sols épuisés qui ne sont plus en capacité de récupérer ça. On parle beaucoup d’élevage mais je remarque qu’en Limousin on a détruit des bocages, planté des maïs. On a combattu, nous, Sources et Rivières du Limousin, une dérogation pour détruire des zones humides pour planter du maïs en nord Haute-Vienne et on a gagné au tribunal donc il faut aussi lutter contre ce modèle-là qui va dans le mur