Cette année, l'hiver n'a pas été aussi pluvieux que d'habitude et le niveau des cours d'eau est bas. En cette situation de probable sécheresse hivernale, les pluies du mois de mars sont très attendues.
L'hiver météorologique est fini depuis le 1er mars, mais ses conséquences risquent de se faire sentir sur le reste de l'année. Il n'a pas été très pluvieux, comme en témoigne le niveau bas des cours d'eau. Le printemps sera donc une période-clé pour le maintien des ressources en eau dans la région et éviter la sécheresse hivernale.
Une pluviométrie en-dessous des moyennes
Près d'Aureil (Haute-Vienne), la Valoine est un fleuve au débit scruté de près. À l'été, il s'assèche rapidement lors de périodes sans précipitations. Au printemps, c'est donc un bon indicateur des ressources en eau disponibles. Le cours d'eau est placé sous la surveillance de l'Etablissement public territorial du bassin (EPTB) de la Vienne.
Stéphane Loriot, le directeur de l'EPTB, remarque que le débit de la Valoine est resté relativement proche des moyennes de saison en ce début d'année : "Malgré un déficit de précipitations depuis le début de l’année, on a eu la chance d’avoir des épisodes pluvieux réguliers, notamment le 17 février. Ils ont permis de garder des niveaux proches de la moyenne." Proches, mais tout de même légèrement en deçà des débits saisonniers. Le mois de mars sera donc déterminant, en matière d’emmagasinement de l’eau, dans les eaux souterraines et dans les zones humides.
C’est la période où la recharge hivernale des nappes phréatiques doit s’opérer pour amorcer la période estivale dans les meilleures conditions possibles.
Stéphane Loriot, directeur de l'Etablissement public territorial du bassin de la Vienne
Le secteur agricole inquiet
À Limoges, cette recharge hivernale n'a pas été suffisante. En Creuse et en Haute-Vienne, le déficit pluviométrique est de l’ordre de 15 à 20% cette année. En Corrèze, le mois de février a été beaucoup plus pluvieux.
Dans le secteur agricole, une recharge hivernale de qualité est indispensable. Pour Claire Brajot, cheffe du service sol, eau et environnement à la Chambre d'agriculture de Haute-Vienne, la période est critique. "Avoir un taux de remplissage des réserves utiles des sols, c'est-à-dire le volume d’eau accessible aux plantes, de 55% en janvier, c'est inquiétant. On était proche de la situation de stress hydrique." Les prochaines semaines seront décisives pour la saison estivale. Entre juin et août, 80% de l’eau est consommée par l’agriculture.
On voit un redémarrage de la végétation, jusqu’alors en repos végétatif. Le printemps reste une période indispensable de production pour sécurisation des systèmes fourragers des exploitations.
Claire Brajot, cheffe du service sol, eau et environnement à la Chambre d'agriculture de Haute-Vienne
Prévoir sur le long terme
La hausse des températures participe aussi à augmenter les sécheresses. De fortes températures favorisent l'évaporation, et donc la baisse des débits des cours d'eau. L'inquiétude se fait donc ressentir sur le long terme. Ces 30 dernières années, les débits moyens ont baissé de 20 à 30%, et les débits estivaux ont même chuté de 60%.
Selon les météorologues, l'hiver 2022, froid et moyennement pluvieux, a été quasi normal. Mais cette situation n'est pas garantie pour les années à venir, en raison du changement climatique.
Le climat évolue, mais ce n’est pas linéaire. Les prochains hivers ne seront pas tous plus doux et plus pluvieux.
Françoise Marguerat, référente territoriale Météo France
Plusieurs pistes existent pour tenter de maintenir les débits des cours d'eau. En Haute-Vienne, l'irrigation pourrait être une solution : "L'irrigation permet de sécuriser les rendements pour l’alimentation pour le troupeau, pour le maraîchage, l’arboriculture", explique Claire Brajot, cheffe du service sol, eau et environnement à la Chambre d'agriculture de Haute-Vienne.
Autres nécessités, celles d'économiser les ressources en eau et d'aménager le territoire pour préserver la ressource, en protégeant par exemple les zones humides.