Marie-Ange Bironda a 80 ans et une famille très nombreuse. Cette Réunionnaise mariée à un mari violent a eu 17 enfants. De passage en Haute-Vienne où vit l’une de ses filles, elle livre le témoignage d’un passé émaillé de douleurs et d'abnégation.
C’est entouré des siens, ceux qui connaissent son histoire douloureuse et qui font aujourd’hui son bonheur, que Marie-Ange Bironda a pudiquement évoqué sa vie. Mariée à l’âge de dix-huit ans, cette Réunionnaise originaire de Sainte-Rose a donné naissance à dix-sept enfants, dont quatorze sont encore en vie aujourd’hui.
C’était très dur, mais j’ai supporté quand même. Aujourd’hui, je suis contente que mes enfants soient grands, qu’il en reste quatorze de vivants. Mais mon mari, il était méchant… Méchant comme tout.
Marie-Ange BirondaMère de 17 enfants
Plus de trente ans de violences conjugales
Trente-quatre ans : c’est la durée du calvaire enduré par Marie-Ange Bironda. Des années de violences conjugales et intrafamiliales qu’elle avait détaillées dans un article publié, il y a quelques années, dans la presse locale réunionnaise, Le Quotidien. À l’époque, elle confiait à nos confrères : « J’ai vécu l’enfer, il m’a frappé à coups de pied, avec ses poings, et avec tout ce qui lui passait sous la main. […] Il détruisait tout, et voulait un autre enfant après chacune des disputes. » Quand se lisent en filigrane, sans le nommer, les grossesses subies, le viol conjugal…
Soutenue par ses enfants, Marie-Ange Bironda, catholique pratiquante, a finalement divorcé à l’âge de quarante-cinq ans de son mari, aujourd’hui décédé. Sa fille qui vit en Haute-Vienne, Marie-Patricia, 7ᵉ de la fratrie, se remémore ce passé douloureux. Celle qui est aujourd’hui elle-même mère de quatre enfants et aujourd’hui grand-mère porte un regard teinté de peine et d’admiration pour sa mère.
J’ai grandi sans papa, y’ a pas de honte à le dire. Élever douze gamins sans papa, elle avait le rôle de la femme et de l’homme de la maison : elle avait du courage.
Marie-Patricia BaptisteFille de Marie-Ange Bironda
Marie-Patricia évoque aussi une enfance où frères et sœurs devaient, par la force des choses, subir des responsabilités parentales : "C’était une autre époque. Moi, je n’aurais pas voulu faire des enfants, que mes autres enfants élèvent…"
Une histoire de résilience pour la famille désormais tournée vers l'avenir
Le temps a passé, et la nouvelle génération, peut, elle, profiter d’un cercle familial devenu de plus en plus vaste avec les années. L’un des nombreux petits-fils de Marie-Ange, Kerwan, qui vit à Saint-Pardoux, évoque ses voyages sur l’île de l’Océan Indien.
Quand on va à la Réunion, on est accueillis partout. On visite toute l’île, on voit tout le monde et c’est incroyable… ça fait du bien, et ça fait plaisir.
Kerwan BertierPetit-fils de Marie-Ange Bironda
L’un des arrière-petits-fils de Marie-Ange Bironda, Maël, apprécie aussi le fait d’appartenir à une famille très nombreuse : "On a une grande famille, et c’est ce qu’il y a de mieux. Ça fait du bien de savoir qu’on a une grande famille."
Cette grande famille se veut aujourd’hui reconnaissante envers Marie-Ange. Sa fille Marie-Patricia s’est fixé un but : faire obtenir à sa mère une médaille Famille nombreuse. Marie-Ange, elle aussi, a un rêve : réunir un jour ses 52 petits-enfants enfants et ses 53 arrière-petits-enfants. Elle recevra alors, à l'occasion de ce moment mémorable, tout l’amour des siens.