Connaissez-vous l’E Bike Port ? C’est à la fois le nom du concept et de la société développés par un Limougeaud, Philippe Faye. Un système, destiné aux collectivités, entreprises, sites touristiques ou autres, qui permet de recharger, gratuitement, la batterie de son vélo électrique, mais qui, modulable, permet beaucoup d’autres utilisations. Une trentaine a déjà été vendue en France, et le concept, récompensé de la médaille d’or au concours Lépine 2023, plaît à l’étranger.
Comment un (presque) classique coup de la panne en vacances débouche... sur une bonne idée ?
À l’été 2017, en villégiature sur la côte landaise, Philippe Faye propose à sa famille une excursion jusqu’à la dune du Pyla, avec leurs vélos électriques. Aucun problème à l’aller, mais au moment de repartir, les vélos sont à plat, ou plutôt, leurs batteries !
Le drame familial et le retour gérés, Philippe se dit qu’il y a là une idée à creuser. Le Haut-Viennois, entrepreneur, se jette dans des recherches sur Internet, pour découvrir qu’il n’existe… rien.
Qu’importe, il conserve son idée, et part donc d’une feuille blanche.
Trois ans de recherches, de galère et de développement plus tard, il présente son prototype, à Limoges, sur les bords de Vienne.
Le concept : un portique avec des casiers sécurisés, pouvant servir de consigne urbaine, mais donnant surtout accès à une multiprise, où l’on peut donc recharger une batterie de vélo, un téléphone ou un ordinateur ; le tout fonctionnant en autonomie grâce à des panneaux solaires fixés sur le toit de la structure.
Malgré la Covid qui alors stoppe tout ou presque, Philippe Faye lance son entreprise, avec trois salariés.
Trois ans plus tard, si l’on ne trouve que deux E Bike Port en Haute-Vienne, à Saint-Junien donc et à Saint-Pardoux, plus d’une trentaine ont été vendus en France, au Chambon, à Nîmes, à Toulouse, à Bordeaux entre autres, et même quatre à Val d’Isère !
À la mode, le concept plaît. D’autant plus que de 25 000€ dans sa version de base à 150 000 dans ses plus élaborés, l’E Bike Port est subventionnable jusqu’à 80% pour les collectivités.
Et, argument suprême, il est fabriqué en circuit court, ce que Philippe Faye s’était imposé comme contrainte dès le départ : le bois, du Douglas, vient ainsi de Bourganeuf, la ferronnerie de Saint-Léonard, le PVC, innovant, recyclé et recyclable, ainsi que les panneaux solaires, de Bellac, et la partie électrique de Limoges, où tout est assemblé, avant d’être expédié… par un transporteur lui aussi local !
Pour le futur, le créateur de l’E Bike Port planche sur l’autonomie de ses portiques, les panneaux solaires ne suffisant pas aux plus grosses versions (permettant aussi de recharger des batteries de voitures électriques par exemple) qui doivent être raccordées au réseau, et réfléchit, grâce à de nouveaux investisseurs, à l’avancée des vélos chargés par condensation ou hydrogène.
Outre la France, l’E Bike Port intéresse désormais l’Espagne, la Suisse, la Belgique et même le Canada, où son développement pourrait se faire toujours en local, via des licences.
Un produit innovant et d’autant plus intéressant qu’il a été primé dans de nombreux concours, et, palme ultime, a reçu la médaille d’or au concours Lépine 2023 !
On n’a peut-être pas de pétrole, mais de sacrées bonnes idées, en Limousin !