Le médecin de l'hôpital de Bayonne soupçonné d'euthanasie sur des patients âgés a été mis en examen vendredi.
Le Pr Régis Aubry est coordinateur du Programme national de développement des soins palliatifs et le président de l'Observatoire national de la fin de vie, mis en place fin 2010. Il répondait de^puis Besançon à Vincent Dubroca.
Le médecin de l'hôpital de Bayonne, soupçonné d'euthanasie active sur au moins quatre patients âgés, a été mis en examen vendredi pour "empoisonnement" sur "des personnes particulièrement vulnérables" et mis en liberté sous contrôle judiciaire. Le parquet, qui avait requis son placement sous mandat de dépôt, va faire appel cette remise en liberté.
Parmi les conditions du contrôle judiciaire du prévenu figurent l'interdiction d'exercer sa profession, l'interdiction de rencontrer les personnes concernées par les faits, ainsi que les membres du personnel de l'unité hospitalière où il travaillait. Il lui est également interdit de quitter la France et il devra résider dans un lieu déterminé, dans un département autre que les Pyrénées-Atlantiques.
Selon son avocat, M. Bonnemaison "ne regrette pas son geste et a préféré prendre le problème (de l'euthanasie) à bras le corps". Le médecin "n'a pas démenti les faits, il a expliqué les circonstances de décisions prises face à sa conscience pour abréger les souffrances de personnes qui allaient décéder dans les minutes suivantes", a déclaré Me Dupin, du barreau de Bordeaux.
"La notion d'assassinat est complètement absurde", a-t-il ajouté, estimant que, dans cette affaire, son client était "un bouc émissaire". Il a souhaité que "l'omerta sur ce qui entoure la fin de vie soit levée". L'euthanasie, "se pratique et existe dans tous les hôpitaux", a affirmé l'avocat qui avait demandé la remise en liberté de son client.
Le praticien, objet d'une dénonciation au sein de son service, avait été interpellé mercredi et est demeuré 48h en garde à vue, avant d'être mis en examen. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Selon le procureur-adjoint, M. Bonnemaison a notamment reconnu avoir utilisé du Norcuron, un médicament à base de curare pouvant entraîner la paralysie des muscles respiratoires. "Il s'agit d'actes d'une extrême gravité et totalement prohibés par la loi", a déclaré M. Mariée, qui a toutefois indiqué qu'aucune des familles concernées n'avait porté plainte jusqu'à présent.
Le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Patrick Pelloux, s'est pour sa part félicité de l'ouverture d'une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) portant sur "les conditions du décès de personnes hospitalisées" à Bayonne. Le corps médical, a-t-il dit "a besoin de comprendre ce qui s'est passé".
Le vice-procureur a rappelé que la loi Leonetti sur l'euthanasie fixait "un cadre extrêmement strict et notamment deux conditions : celle du consentement de la personne ou de sa famille et celle de la collégialité" qui requiert les avis de plusieurs médecins. Les quatre personnes décédées de manière suspecte à l'hôpital de Bayonne "étaient certes âgées, certes en fin de vie, mais une fin de vie peut durer plusieurs heures ou plusieurs jours" et "rien, a conclu le magistrat, ne justifie le comportement de ce médecin tel que cela a été dénoncé".
Les premiers mots du médecin
Le médecin "ne regrette pas son geste et a préféré prendre le problème (de l'euthanasie) à bras le corps", a déclaré son avocat Me Arnaud Dupin. M. Bonnemaison, 50 ans, médecin au service des urgences à l'hôpital de Bayonne, "n'a pas démenti les faits, il a expliqué les circonstances de décisions prises face à sa conscience pour abréger les souffrances de personnes qui allaient décéder dans les minutes suivantes", a ajouté Me Dupin, du barreau de Bordeaux.
L'avocat s'exprimait devant la presse aux abords du palais de justice de Bayonne où le juge des libertés et de la détention examinait toujours en fin d'après-midi la demande du parquet de placer le médecin mis en examen sous mandat de dépôt.
La mise en examen a trait en premier lieu à quatre décès survenus au cours des cinq derniers mois, le dernier étant celui d'une patiente de 92 ans, morte le 3 août.
"La notion d'assassinat est complètement absurde", a encore dit Me Dupin, estimant que, dans cette affaire, son client était "un bouc émissaire". Me Dupin a souhaité que "l'omerta sur ce qui entoure la fin de vie soit levée. L'euthanasie, "ça se pratique et ça existe dans tous les hôpitaux", a-t-il affirmé. Il a demandé la remise en liberté de son client.