Depuis un an, les forains sont à l'arrêt. À quelques jours des premières fêtes, les annulations s'enchaînent : Metz, Nancy et plus récemment Bordeaux et Tulle. Face à une situation économique "catastrophique", certains trouvent des alternatives en attendant de retrouver une vie "normale".
Depuis un an, les annulations de fêtes foraines se succèdent : Nancy, Metz, et plus récemment Bordeaux. Lundi 12 avril 2021, nouveau coup de massue pour les forains, qui ont pris connaissance de l'arrêté préfectoral de la ville de Tulle, condamnant pour la deuxième année consécutive la fête de la Saint-Clair, en raison de la situation sanitaire.
Depuis le début de la crise sanitaire, la "petite lueur d'espoir" a laissé place à la détresse dans l'univers forain.
Pour Eugène Bébé Coignoux, sixième génération de forains et ancien président du syndicat professionnel de forains, cette situation est "catastrophique", "nous avons peur que les gens soient formatés vis-à-vis de ça, ça fait deux ans qu'ils ne côtoient plus les fêtes foraines. Nous avons peur qu'ils n'aient plus le goût de s'amuser et de venir nous voir. Avec toutes ces annulations, on s'apprête à vivre un copié-collé de l'an passé".
Tulliste d'origine, Eugène Bébé Coignoux vit aujourd'hui sur son terrain à Allassac, en Corrèze. Il dénonce un "oubli politique", "nous sommes 35 000 chefs d'entreprise, nous générons 200 000 emplois directs et indirects, mais nous ne sommes pas pris en considération et nos chiffres sont au plus bas".
Des chiffres au plus bas
Enfin, il déplore les dégâts économiques et humains sur la communauté, "à Lille et Béziers, nous avons perdu deux jeunes forains qui se sont suicidés. Financièrement, c'est catastrophique et extrêmement dur".
En effet, n'ayant fait aucun chiffre d'affaire lors de la saison 2020, une majorité de forains déclarent "ne pas pouvoir prétendre aux aides de l'État", "nous ne pouvons pas déclarer un chiffre d'affaire que nous n'avons pas eu".
Dans le contexte sanitaire actuel, les forains avaient pourtant pris les choses en main pour pouvoir accueillir le public en toute sécurité, et ce, depuis l'arrivée du virus sur le territoire chinois, confiait Eugène Bébé Coignoux il y a un an. Aujourd'hui, place du Civoire, à Brive, le carrousel qu'il tient avec sa femme depuis 5 ans est à l'arrêt complet, un véritable crève-cœur pour le couple.
À la recherche d'alternatives
La dernière fête foraine organisée par Eugène Bébé Coignoux remonte à 2019, à Montpellier. Depuis, la plupart des forains tentent de s'occuper autrement, "je n'ai jamais vu autant de forains au travail : ils enlèvent, nettoient et remettent chaque pièce de leurs manèges, les repeignent, tout est prêt."
Sur les près de 2 500 forains de Nouvelle-Aquitaine, quelques-uns sont obligés de trouver des alternatives pour "joindre les deux bouts". Élagage, rénovation de toitures, vente de fruits, de légumes ou d'huîtres sur les marchés, autant de métiers de substitution pour essayer de survivre avant le retour à une vie normale.
"On nous a dit que nous pourrions rouvrir les fêtes foraines dès septembre" cette dernière éventualité les forains veulent y croire. Ils ne souhaitent plus avoir à manifester pour faire entendre leurs revendications.