Moral dans les chaussettes, vulnérabilité, arrêts maladie : le malaise dans la profession est au plus haut. Leurs missions s'intensifient surtout dans les départements où la population augmente comme dans les Landes et la Gironde. Et la cadence augmente sans arrêt, et sans recrutement.
Ils n'ont pas encore défini la forme que prendra leur mouvement, mais en tout cas, la colère est bien là.
"Les forces de l'ordre viendront peut-être nous chercher à la maison ?" Sébastien Dephot représentant le syndicat autonome des pompiers de la Gironde fait état d'une grogne qui monte depuis plusieurs mois.
On n'arrive plus à répondre aux besoins de la population - Sébatien Dephot
Les pompiers des Landes savent qu'ils vont être réquisitionnés alors leur mouvement prendra une forme ou une autre : "Un mouvement contestataire court, débrayage d'une heure pour exprimer notre mécontentement." envisage Nicolas Chevalier, représentant syndical de la fédération des pompiers professionnels : FA/SPP-PATS. Ainsi pourront-ils marquer le coup et répondre au mouvement lancé à partir du 26 juin et jusqu'au 31 août au plan national.
"On a la problématique estivale dans les Landes : pression opérationnelle pour les incendies de forêt, interventions liées à la canicule et sur la côte océane."
"Le service public de secours est malade" : les pompiers déposent un préavis de grève à partir de mercredi et jusqu'au 31 août https://t.co/Ox1QxJygee
— FA/SPP-PATS (@faspppats) 23 juin 2019
Des effectifs à la baisse
Les pompiers des Landes ont pour certains le moral en baisse. Alors que la population du département augmente, et donc potentiellement les interventions de secours, leurs effectifs ont diminué ces dernières années.On a perdu 8% de notre potentiel, soit 19 agents, pour des raisons budgétaires, il fallait réduire les dépenses - Nicolas Chevalier
En fait, le non-remplacement des départs à la retraite. Alors que le nombre d'interventions augmente, 2 000 interventions par an dans les Landes, 8% de plus chaque année.
En Gironde, le moral des pompiers est au plus bas selon Sébatien Dephot. En 2018, avec la densification de Bordeaux et sa métropole, les pompiers relèvent 12,9 % d'interventions en plus pour l'année 2018. Et pour faire face, pas de bras supplémentaires.
"Ce sont 20 000 interventions de plus pour nous" précise Sébastien Dephot.
C'est généralisé en France mais c'est encore plus marqué pour nous en Gironde.
" On commence à ne plus pouvoir s'entraîner "
Dans les Landes comme en Gironde, les pompiers se sentent plus vulnérables. Les interventions s'enchaînent, les effectifs ne sont pas toujours réunis témoigne Nicolas Chevalier. " Dans le centre de secours principal, on est neuf de garde alors qu'on préconise 14 selon le code général des collectivités. "D'où ce sentiment d'une mise en danger dans l'exercice de leur métier, notamment sur les feux.On commence à ne plus pouvoir s'entraîner, à ne plus pouvoir vérifier le matériel. Pour l'instant, ça tient mais nous sommes vulnérables.
" A Bordeaux, on est en intervention de 7 h 30 à 18 h." Sébastien Dephot égrène les missions que les pompiers professionnels doivent remplir : les carences ambulancières. " Avant, ça n'arrivait que ponctuellement, maintenant on le fait de 9 heures à 23 heures, pour remplacer les ambulances privées. L'ébriété sur la voie publique, c'est nous au lieu de la Police et on n'a pas notre mot à dire. "
Depuis juillet 2018, les pompiers d'autres secteurs du département viennent en aide aux pompiers de l'agglomération bordelaise pour répondre aux besoins.
"Avant c'était temporaire et c'est devenu permanent. " Avec le risque que ces pompiers fassent défaut sur leur propre secteur d'origine à Bazas ou Arcachon.Quatre ambulances viennent tous les jours du nord, du sud etc... pour venir couvrir le secours à personne.
"Tout nous retombe dessus, nous sommes le premier rempart de la détresse sociale. "
Sébastien Dephot constate le moral au plus bas de ses collègues " le moral dans les chaussettes. On n'a jamais eu autant de départ de confrères qui quittent le métier, beaucoup d'arrêts maladie et d'accident de travail lié au manque d'entraînement " Alors le syndicaliste attend un geste au niveau national et local " On a besoin de financement." exprime Sébastien Dephot. Son confrère des Landes, Nicolas Chevalier, témoigne d'un besoin de reconnaissance de leur mission et ses dangers. " On nous demande de plus en plus mais on n'est pas reconnu "." Tout le monde adore les pompiers mais personne ne sait réellement ce que l'on fait". ajoute-il.
Ce mouvement de grève, même s'il ne se traduit pas partout par un arrêt du travail clair et net, donnera aux soldats du feu devenu le " premier rempart de la détresse sociale " selon le syndicaliste bordelais, l'occasion de lever le voile sur les évolutions du métier.
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