Au cinquième jour du procès de Guillaume Dautremont, la cour d'assises des Landes a entendu Marianne Bousicaux mère d'Elodie Kaszuba et grand-mère de Méloé la petite fille de 20 mois, toutes deux tuées en mars 2016.
C'est une femme au visage marqué par quatre jours d'audience qui se présente à la barre. Marianne Bousicaux a 57 ans. La voix tremblante, secouée par de nombreux sanglots, elle raconte sa fille Elodie. Sa petite fille Méloé.
Elle fait d'Elodie le portrait d'une jeune femme agréable, souriante, et aimante.
Nous étions comme des sœurs jumelles, dit-elle à la cour.
Marianne Bousicaux a 5 enfants. Elodie est la troisième.
Elle était adolescente lorsque la famille s'est installée à Mont-de-Marsan en provenance de Bordeaux. Une jeune fille sans problème.
Elle suit d'abord des études de comptabilité avant de s'orienter vers le métier d'ambulancière.
Une vie parfaite selon Marianne Bousicaux. Parfaite, jusqu'à la rencontre de cet homme....
Des perles à la barbichette, des tatouages. Il avait une tête de loubard, confie Marianne Bousicaux à la barre.
La mère de famille ne cache pas que le nouveau compagnon d'Elodie ne lui plaisait pas. Mais sa fille était amoureuse, et elle ne voulait pas s'immiscer dans la vie privée de ses enfants.
Malgré cela, elle reste proche de sa fille. Elodie lui confiera sa séropositivité. C'est Guillaume Dautremont qui lui a transmis le virus.
Plus tard Elodie évoquera son désir d'enfant.
Marianne Bousicaux décrit les traitements lourds, la grossesse sous surveillance, le suivi contraignant pour ne pas transmettre le virus du sida au bébé.
La naissance de Méloé le 15 juillet 2014 est vécue comme un cadeau.
Devant les amis, Guillaume Dautremont joue le père idéal. Mais en privé, il refuse de garder l'enfant lorsqu'Elodie reprend le travail. C'est Marianne Bousicaux, la grand-mère qui s'en occupe lorsqu'Elodie travaille tard comme serveuse.
Ainsi, elle voit Elodie tous les jours et ne remarque aucun changement notable dans son comportement.
Elle est donc surprise le 8 mars 2016, quelques jours avant le drame, lorsque Guillaume Dautremont lui envoie un texto. Il s'inquiète de l'état de santé d'Elodie. Il la croit dépressive.
Marianne Bousicaux décrit un homme jaloux :
Il fouillait les poches d'Elodie, l'accusait d'infidélité, et même de participer à des films pornographiques.
Elle met alors ces propos sur le compte d'une énième crise de jalousie, voire d'un délire paranoïaque, mais n'imagine pas la suite dramatique des événements.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 2016, sous l'emprise de puissants stupéfiants, Guillaume Dautremont va frapper à mort Elodie Kaszuba.
À la barre, le premier enquêteur arrivé sur les lieux, dit avoir trouvé le corps sans vie de la jeune femme dans l'entrée de la maison, baignant dans une mare de sang.
Dans sa folie meurtrière, Guillaume Dautremont va chercher sa fille âgée de 20 mois, à l'étage. Il va violemment la cogner contre les murs avant de jeter le cadavre dans une poubelle.
Selon les éléments recueillis sur place et rappelés aujourd'hui à l'audience, le meurtrier a ensuite pris le temps de se changer de vêtements pour se rendre chez sa meilleure amie.
Il va la frapper, elle aussi, et la laisser pour morte. Puis il ira se réfugier chez sa propre mère.
Lors des précédentes journées d'audience, les experts psychiatres ont évoqué une altération du discernement au moment des faits.
Guillaume Dautremont, était-il conscient et responsable de ses actes ?
La question sera au centre des plaidoiries et du réquisitoire attendus demain.
Pour ce double homicide, Guillaume Dautremont risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Le verdict devrait être connu mercredi dans la soirée.