Grippe aviaire : les éleveurs landais sur le qui-vive mais sereins

« Sang-froid, précautions, vigilance ! » : c'est la consigne en vigueur chez les 400 éleveurs de volailles dont les exploitations sont situées à proximité de la zone de surveillance de 10 km, d'un des trois foyers de grippe aviaire identifiés cette semaine dans les Landes.

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"Il faut éradiquer ce virus le plus rapidement possible", résume avec calme cet éleveur, qui est aussi président de la Chambre d'Agriculture des Landes. Mais il faut surtout veiller à ce que le consommateur ne panique pas inutilement et surtout, insiste M. Graciet, "faire passer le message au consommateur que la grippe aviaire n'est pas transmissible à l'homme ".

Sa ferme, héritée de sa grand-mère et qu'il vient de transmettre à son fils, est installée à Bénesse-Maremne, sur une exploitation de 200 hectares où "l'on fait de l'asperge, de la vache laitière et du canard prêt à gaver". Il partage avec trois autres exploitants la gestion d'un élevage de 8.000 canards.

Depuis la découverte des deux premiers foyers le 6 décembre, à Josse - petit village situé non loin de là - et à Douazit (Landes), M. Graciet enchaîne les réunions avec les éleveurs, les pouvoirs publics et les services vétérinaires.

Ses collègues landais, dit-il, "ont été très réceptifs aux consignes de précautions", et lui-même les applique strictement : pas question pour le visiteur d'approcher de l'enclos des palmipèdes, à 700 mètres des étables et de la ferme. Il limite la circulation dans l'exploitation au strict nécessaire, et a mis à l'abri des oiseaux migrateurs mangeoires et abreuvoirs pour ses palmipèdes.

"On suit l'évolution heure par heure et on prie"


Un nouveau foyer de souche H5N9 a été repéré jeudi à Horsarrieu, dans un élevage de plus de 21.000 poulets, pintades, chapons et canards, mais M. Graciet se veut rassurant: "pour l'instant, il n'y a pas de quoi s'alarmer en dehors des foyers".

Et il souligne que "cette souche est très faiblement pathogène". "On suit l'évolution de la situation heure par heure et on prie", dit-il en souriant.

Combinaison et pédiluve


Il est encore trop tôt, selon lui, pour mesurer l'impact de cette nouvelle épizootie sur son chiffre d'affaires. "Le canard, explique-til, représente 20% des revenus de l'exploitation, dont 90% en France et à peu près 10% à l'export".

"Mais pour le moment, on se concentre sur les mesures sanitaires et il sera bien temps après de faire les comptes". Et de répéter les trois maîtres-mots du moment: "sang froid, précautions et vigilance".

Méfiance à l'égard des journalistes


Dans la zone sinistrée, les habitants de Josse se méfient des journalistes. Echaudée après la visite d'une équipe de télévision, une habitante, attablée au soleil devant son café, lance: "les journalistes racontent que des conneries et ils ont désigné un éleveur de chez nous comme cible". "C'est désastreux pour la région, humainement et économiquement!", vitupère-t-elle.

Une restauratrice du cru annonce fièrement qu'elle "continue à servir du canard à sa table, et les gens n'ont pas peur d'en manger". À l'autre bout du département, un jeune agriculteur de 27 ans, Jonathan Lalondrelle, élève depuis 2010, sur les trois sites de son exploitation d'une trentaine d'hectares, quelque 35.000 têtes de "poulet label rouge des Landes".

Le foyer contaminé le plus proche est à une cinquantaine de kilomètres mais, ici aussi, le principe de précaution est de rigueur, avec port de la combinaison de protection et passage au pédiluve obligatoires.

Quelles contraintes pour les basses-cours de particuliers ?
 

"Je ne suis pas plus que ça inquiet, dit-il, mais je comprends que ce soit moralement très difficile pour le collègue qui voit tout l'élevage partir à l'abattage pour une ou deux têtes touchées".

Il juge quand même que "le principe de précaution va un peu trop loin parfois". On l'impose aux éleveurs, "mais cette épizootie est bien partie de la basse-cour d'un particulier. Alors, il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde".
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