Le magistrat du parquet qui avait twitté en audience lors d'un procès aux assises des Landes en novembre 2012, a reconnu avoir sous-estimé son geste et présenté ces messages comme un " exutoire ", lors de son audience disciplinaire devant le Conseil supérieur de la magistrature, mardi.
Un journaliste de Sud-Ouest avait révélé, quelques jours après les faits, que deux magistrats, l'avocat général et un assesseur, avaient échangé des messages sur Twitter lors d'un procès devant la cour d'assises des Landes.
" Question de jurisprudence : un assesseur exaspéré qui étrangle sa présidente, ça vaut combien ? ", avait notamment twitté l'assesseur, dont le compte était @Bip_Ed (fermé depuis).
" Je te renvoie l'ascenseur en cas de meurtre de la directrice du greffe ", avait répondu, plus tard, l'avocat général, dont le compte était @Proc_Gascogne (également fermé depuis).
Au total, une vingtaine de messages avaient été échangés. Une fois l'affaire révélée publiquement, le parquet général de Pau avait fait appel du verdict du procès.
L'enquête de l'Inspection générale des services judiciaires devait montrer que l'avocat général avait bien twitté en audience, ce qu'il a reconnu, mais pas l'assesseur.
A l'audience disciplinaire, le parquetier a admis n'avoir pas mesuré la portée de ses messages, pensant notamment qu'il ne s'adressait qu'à une trentaine de personnes alors qu'il avait plus de 4.000 abonnés.
Répondant à une question du président Jean-Claude Marin, il a qualifié certains de ses messages de " décalés et difficilement admissibles ".
Il a souligné qu'il n'avait twitté qu'à des moments " où il n'y avait pas lieu d'être attentif ", entre deux auditions de témoins, par exemple.
Quant au procès, il a dit avoir pris la précaution de ne rien twitter qui puisse permettre d'identifier l'affaire ou la juridiction, ainsi que de ne faire aucun
commentaire sur les faits.
Pour lui, ces messages constituaient " une sorte d'exutoire qu'on peut avoir avec toutes les tensions qu'il peut y avoir à ces audiences ".
Tout en reconnaissant avoir été trop loin en envoyant ces messages, le magistrat a défendu l'intérêt de Twitter, comme " un moyen de faire connaître la justice de l'intérieur ".
" J'ai toujours été blessé par les critiques qui sont faites sur les magistrats, les représentant comme isolés dans leur tour d'ivoire, (...) fonctionnant comme
des robots. J'estimais utile de montrer que ce n'était pas que ça ", a-t-il dit.
La représentante de la Chancellerie, Valérie Delnaud, a demandé le déplacement d'office du magistrat, estimant que l'affaire avait eu des " conséquences désastreuses pour l'image de la justice ".
La décision a été mise en délibéré au 29 avril.