Le corps de Johanna Blanes avait été retrouvé dans un tunnel piéton de Mont-de-Marsan, en 2019. Trois ans plus tard, Hussein Ahmed, accusé du meurtre et du viol de la jeune femme comparaît devant la cour d'assises. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le drame avait provoqué une vive émotion et beaucoup de questions.
Pourquoi et comment une jeune femme qui rentrait de boîte de nuit a-t-elle été retrouvée morte dans un tunnel sous la voie ferrée qui relie Mont-de-Marsan et Saint-Pierre-du-Mont ?
Il est 6 heures du matin le dimanche 7 juillet 2019, quand un passant découvre le corps sans vie de la victime.
Elle est dénudée et présente des traces de coups et de strangulations. L’autopsie révélera qu’elle a été violée et étouffée.
Elle s’appelle Johanna Blanes. Originaire de Toulouse, elle est la maman d’un petit garçon de 19 mois. Elle a passé une partie de la soirée dans la discothèque, le Paradise.
Comme elle en avait l’habitude, elle avait emprunté le tunnel seule et à pied pour rentrer chez elle, à Saint-Pierre-du-Mont, où elle était hébergée par une amie.
Confondu par son ADN
Deux jours plus tard, un homme de 32 ans de nationalité syrienne, réfugié en France était interpellé à Mont-de-Marsan.
Hussein Ahmed, connu de la Justice après une plainte de son ancienne compagne pour violences conjugales, avait été confondu par son ADN, retrouvé sur le corps de Johanna Blanes.
Les enquêteurs avaient aussi découvert dans son portefeuille la carte SIM de la jeune femme.
L'accusé nie les faits
Au premier jour de son procès, le père de famille qui est arrivé dans l'hexagone en 2016, avec sa compagne et leurs deux enfants, a de nouveau nié les faits.
C'est un égocentrique manipulateur narcissique et surtout un menteur
Une psychologue
Interrogé par le président de la cour d’assises des Landes, Hussein Ahmed, placé en détention provisoire depuis trois ans, s’en est tenu à sa première version. Il a réaffirmé avoir eu une relation sexuelle consentie avec Johanna Blanes et a continué de nier en bloc le meurtre et le viol.
"C'est une déception" réagit Robin Senie-Delon, l'avocat de la famille de la victime. "Quand on a perdu une fille, une sœur, une demi-sœur, la seule chose que l'on peut attendre, c'est une forme de reconnaissance pour essayer de panser ses plaies et à l'évidence, cela ne viendra que d'une décision de justice et certainement pas de Mr Ahmed."
Par la voix de son interprète qui assure la traduction car il ne parle pas français, il s'est décrit comme un homme gentil. Un auto portrait contredit par les experts qui se sont succédés à la barre et qui le jugent "impulsif".
Ce qui serait terrible, c'est que Mr Ahmed ne soit jugé que sur une image
Frédéric Dutin - Avocat de la défense
"C'est un égocentrique manipulateur narcissique et surtout un menteur" a résumé une psychologue qui l'a examiné et pour qui Hussein Ahmed est incapable de souvenir de la date de la mort de son propre fils, décédé à l'âge de 9 mois en 2017. Des éléments à charge qui ne suffisent pas à le rendre coupable, précise son avocat.
L'accusé explique avoir des trous de mémoire et dit avoir été traumatisé par la guerre qui a frappé son pays de naissance, la Syrie, et les bombardements dans sa ville d'Alep.
"Tout cela rend une image déplorable, mais ce qui serait terrible, plaide son avocat c'est que Mr Ahmed ne soit jugé que sur une image. Aujourd'hui, ça n'est pas sur une image que le parquet va devoir convaincre de sa culpabilité mais sur des faits avérés".
Le procès doit durer cinq jours. Cinq jours durant lesquels le profil de cet homme va être étudié.
Hussein Ahmed risque la réclusion criminelle à perpétuité. La famille de la victime a préféré ne pas assister au début des audiences de peur d’être trop éprouvée par le comportement de déni de l’accusé.
Compte rendu d'audience avec Maria Laforcade et Morgan Plouchart