À quelques jours de Noël, le pape a annoncé la possibilité de bénir les couples homoparentaux. Loin de changer la doctrine du mariage, pour certains couples, il s’agit "d’une première étape".
Le 18 décembre, dans une note pontificale, le Pape a déclaré possible de bénir un couple homosexuel, "sans valider officiellement leur statut". Pour les personnes LGBT+ croyantes, il s’agit d’un grand pas vers plus de "légitimité".
Vie de famille ordinaire
Il est 19h, Charlie et Billie passent à table. Ces deux enfants sont ceux Marie-Clémence Bordet-Nicaise et Aurore, sa compagne. Les deux femmes se sont mariées, civilement, il y a huit ans. À l’époque, impossible pour ces couples homoparentaux de recevoir une bénédiction de l’église. "Quand on a voulu se marier, c’est quelque chose qu’on a cherché ", confie Aurore, la compagne de Marie-Clémence.
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Sa relation avec la chrétienté, son coming-out dans une famille croyante, et aujourd’hui, sa vie de famille, Marie-Clémence Bordet-Nicaise en a fait un livre, On ne choisit pas qui on aime. Sur les réseaux, cette mère de famille raconte sa vie " ordinaire " pour une famille " singulière". "Je suis heureuse d’avoir cette vie paisible, avec les mêmes enjeux familiaux que les autres. Je veux montrer que ce n’est pas parce qu’on est LGBT+ qu’on ne peut pas avoir une vie de famille ordinaire", indique l’auteure, regrettant que "la société nous rappelle régulièrement qu’on ne rentre pas dans les cases".
"Aujourd’hui, j'ai fait mon chemin"
Elles, n’attendent désormais plus de bénédiction de la part de l’église. "Pour moi, c'est trop tard, je n’ai plus besoin de cette reconnaissance. Il y a huit ans, quand je me suis mariée, peut-être que serai passée par cette étape, aujourd’hui, j'ai fait mon chemin", indique Marie-Clémence. Leur foi, elles l’ont construite différemment.
On peut être homosexuel et croyant. La foi est censée être un espace de liberté.
Marie-Clémence Bordet-NicaiseAuteure de "On ne choisit pas qui on aime"
Pour autant, elles reconnaissent les bienfaits de cette annonce, sur les nouveaux couples. "C’est une bonne nouvelle pour les personnes chrétiennes qui en avaient besoin, mais en même temps ce n’est qu’une demi-reconnaissance. C’est une étape, mais elle ne règle pas les problèmes d’homophobie dans l’Église catholique", souligne cette mère de famille.
Bénédictions hors messe
Le 18 décembre, le pape a en effet annoncé la possibilité de réaliser des bénédictions, en dehors des messes. "Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière, et les couples de même sexe, sans valider officiellement leur statut ou changer de quelques façons l’enseignement éternel de l’église sur le mariage", précise le pontificat dans une déclaration doctrinale.
Pour autant, la doctrine ne change pas. "Seront inadmissibles les rites et prières qui pourraient créer une confusion entre ce qui est constitutif du mariage, à savoir une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme naturellement ouverte à la génération d’enfants, et ce qui le contredit ", précise le Vatican.
Ces bénédictions seront accordées selon les "analyses morales" de prêtres qui choisissent de les réaliser ou non. Le Vatican a tout de même enjoint l’Église à ne plus "exclure" et "juger". Depuis l'annonce, des violentes réactions ont éclaté, jugeant le Pape de "pécheur", divisant ainsi l'Eglise entre ceux qui se félicitent de la nouvelle, et ceux qui condamnent ces annonces.
"Un grand pas" reconnaît ce couple, s’il permet de nouvelles avancées. "C’est encourageant pour les années à venir. L’église vient de franchir un pas, qui pourrait à terme mener à la reconnaissance des couples LGBT et leur permettre ainsi de se marier à l’église", espère Aurore.