Prix de l'énergie : une usine de traitement de déchets arrête la production car ce n'est plus rentable

"Ça ne serait plus rentable pendant cette période hivernale". Pour la première fois, le four sera à l'arrêt pendant cinq mois sur le site d'Inertam à Morcenx-la-Nouvelle dans les Landes, à cause de la facture d'électricité qui s'est envolée. Des salariés sont en chômage partiel.

C'est une sorte de lave en fusion qui coule de ce four. L'usine Inertam à Morcenx-la-Nouvelle est spécialisée dans le traitement des déchets amiantés. Ces résidus dangereux doivent fondre dans un four qui chauffe à 1500 degrés. Pour faire ainsi monter la température, l'usine landaise utilise une technologie dérivée de l'aérospatiale, très gourmande en électricité. 

Alors, avec la hausse des prix de l'énergie, le groupe Europlasma, propriétaire du site d'Intertam, a pris une décision radicale. Le four restera éteint cet hiver. L'entreprise arrête de produire, sinon "ça ne serait plus rentable pendant cette période hivernale", explique la responsable de la communication Anne Bordères. 

Compte tenu de l'augmentation des prix de l'électricité, sans commune mesure avec ce qu'on a pu vivre par le passé, on a décidé de ne pas redémarrer le four.

Anne Bordères, responsable communication chez Europlasma

à France 3 Aquitaine

+ 400%

Chaque année, le four est en maintenance en hiver pendant quelques semaines pour faire les réparations courantes. Mais cette année, il restera à l'arrêt pendant cinq mois. Du jamais vu. "Du 1er novembre au 1er avril, c'est la période d'arrêt la plus longue qu'on ait connue", précise Anne Bordères. 

La cause de cet arrêt, c'est le prix de l'électricité qui explose. La facture augmente de 400%, pour la part de l'électricité dont le prix n'est pas régulé au titre de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Même si elle ne concerne qu'une partie de l'électricité consommée par l'entreprise, la hausse était déjà trop forte. "Ça remet déjà en cause la rentabilité, ça suffisait pour prendre la décision d'arrêter la production", informe Anne Bordères. 

On a l'habitude de la saisonnalité des prix, car pour les entreprises, l'électricité est plus chère en hiver qu'en été, mais là, c'est exceptionnel.

Anne Bordères, responsable communication chez Europlasma

France 3 Aquitaine

Stocker les déchets avant de redémarrer le four

Pour autant, le site d'Inertam n'est pas à l'arrêt. L'entreprise a tout mis en place pour que l'activité économique continue, dans la mesure du possible. Ainsi les services commerciaux n'ont pas arrêté de conclure des contrats, et les salariés de la logistique continuent d'acheminer les déchets amiantés vers l'usine. Seule différence : ils sont stockés au lieu d'être brûlés. 

On continue à vendre notre service, et comme on a des capacités de stockage, pour l'instant, on garde les déchets.

Anne Bordères, responsable communication chez Europlasma

France 3 Aquitaine

Seuls les salariés de la production ne peuvent plus travailler. Grâce au soutien de l'Etat, ils ont été placés en chômage partiel. Pendant leur présence réduite sur site, ils effectuent des missions de nettoyage ou de gardiennage.

Rattraper le retard

Dès avril, les ouvriers reviendront à temps plein sur la chaine de production. C'est en tout cas ce qu'espère l'entreprise. Le four devrait redémarrer le 1er avril, et Inertam prévoit de rattraper le retard accumulé. 

L'entreprise a investi dans les machines pour augmenter les capacités de production. "On espère compenser cet arrêt par l'augmentation des cadences de production, on a un effectif qui nous permet de produire 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24", détaille Anne Bordères. 

Un autre site géré par Europlasma, à Grenoble, a également dû arrêter sa production de feuilles d'aluminium. Mais la société avait anticipé, en produisant plus cet été, afin de pouvoir continuer à fournir les clients cet hiver. Elle devrait, elle aussi, redémarrer le 1er avril.

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